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C'est en 1822 que Nicéphore Niepce mit au point son invention, et cette date peut être considérée comme celle de la découverte de la photographie. Cependant, cette méthode resta très expérimentale, et il faudra attendre la rencontre avec J. Daguerre et les améliorations qu'il apporta au procédé de Niepce.


En Alsace, la photographie se développe vers 1850 dans les grandes villes (Strasbourg, Colmar, Mulhouse), tout comme dans la capitale, et aux alentours des années 1870 dans les bourgades plus petites. C'est exactement cette année-là que choisit Herrmann Otto Klein pour créer une affaire de photographie à Lahr (Land Baden) avec une succursale à Erstein. Né à Elberfeld (Rheinland) le 21 mai 1844, Herrmann Otto Klein s'installe à Lahr au n° 71 de la Kaiserstrasse. Il est rapidement apprécié par plusieurs familles princières, dont le Grand-duc de Bade, qui lui confère le titre honorifique de « photographe de la cour » (Hofphotograf) en reconnaissance de ses mérites. Pour se rapprocher de sa clientèle en partie alsacienne, provenant surtout de la région d'Erstein que la proximité géographique attirait à Lahr il décide d'installer son atelier photographique au n° 4 de la rue de la Pente (Schleifgasse). L'atelier d'Erstein n'était ouvert, dans les premiers temps, que les dimanches et jours fériés, ainsi que sur rendez-vous. Il existe encore quelques vues du vieux Erstein des années 1870, et notamment celle de la porte du  Untertor prise par H.O. Klein.

Le premier studio, rue de la Pente.


C'est le 17 août 1902 que son collaborateur Rudolf Mayer se fait inscrire à la mairie d'Erstein comme photographe et successeur de H.O. Klein.

Rudolf Mayer, né le 3 janvier 1882 à Göppingen dans le Wurtemberg, dans une famille bourgeoise, fit ses débuts chez un des plus grands photographes de Stuttgart Hans Hildenbrandt, photographe de la cour du roi de Wurtemberg, puis il ira se parfaire chez deux autres photographes réputés de Stuttgart (F. Brandseph et Albert Kurtz).

Un sujet bien campé du photographe Rudolf Mayer, édité en carte postale et immortalisant trois compères bien connus des vieux Ersteinois : au milieu Georges Stegel, fossoyeur (1858-1912), à gauche Ignace Gengenwin, boucher (1845-1923) dit « Soijmetzeri Natz », à droite Joseph Wurch, agriculteur (1831-1914) dit « Wurischessawel » et également « de foutter dedans! »

Avant de travailler avec H.O. Klein. C'est le 2 août 1906 que Rudolf Mayer rachète l'affaire de photographie 4, rue de la Pente à Erstein. Il épouse en 1912 Sophie Laufenburger, originaire de Gerstheim, qui seconda son mari dans l'affaire, notamment durant la Guerre de 1914-1918, pendant laquelle son époux est mobilisé, elle le remplace et gère seule l'atelier de photos jusqu'à son retour. Les spécialités sont : les photos de mariage, les photos d'enfants, les photos de groupes, agrandissements, vues d'intérieures, en noir et en couleur (photos peintes), etc. Il est intéressant de remarquer que sur une de ses cartes publicitaires, Rudolf Mayer propose sa voiture personnelle, qui est gratui- tement mise à la disposition des mariés pour se faire photographier à l'atelier. Les temps ont bien changé depuis...


En 1922, il construit un nouvel atelier photographique dans la rue de Benfeld à Erstein ainsi qu'une maison d'habitation (1925). Nombreuses sont les photographies de personnes, de familles, d'enfants, de maisons et de paysages signées par lui. Son apport à l'histoire par ses vues d'une époque révolue, ses portraits en costumes traditionnels, ses clichés de voitures, des tramways de l'époque, est considérable. Il conserva ainsi la mémoire de l'empereur Guillaume II lors de sa visite dans la famille du baron Hugo Zorn de Bulach en 1907.


Il est presque impensable que les familles ersteinoises ne possèdent pas une photo prise de Rudolf Mayer. Décédé en 1951 à Erstein, sa succession fut assurée par ses deux fils : Richard Mayer, né en 1919, continua à Erstein la photographie jusqu'en 1987 dans l'atelier 3, rue de Benfeld et Edgar Mayer, né en 1914, exerça son métier de photographe à Benfeld. C'est un de ses petits-fils qui exploite à présent les deux affaires. Le magasin de photos à Erstein fut transféré en décembre 1988 au 36, rue du Général de Gaulle.   

                                                                                            

(Extrait de « La photographie à Erstein de ses débuts à nos jours

ou l'histoire d'une famille », article paru dans

l'Annuaire de la Société d'Histoire des quatre cantons,  1988)

Eric Mayer-Schaller

LA  PHOTOGRAPHIE  A  ERSTEIN  DEPUIS  1870

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