De toutes les corporations que comptait la ville d'Erstein au Moyen Age, celle des
pêcheurs était la plus ancienne et la plus importante.
L'abbaye d'Erstein, déjà existante, avait sans réserve tous les droits relatifs
à la pêche sur l'Ill, droits qu'elle céda partiellement en 1358 à un pêcheur professionnel.
Cela représente la première trace écrite de l'existence d'une pêcherie organisée
en ces lieux, le début très probablement de la constitution d'une corporation. En
fait, face à l'ampleur de l'Ill et de ses multiples bras à la hauteur d'Erstein,
nombreux devaient êtres ceux qui exerçaient ce métier.
Cette corporation nous a légué un livre manuscrit grand format dont les premières
pages remontent en l'an 1802. (Le tome précédent, commencé bien au-delà de la
Révolution, a été anéanti lors d'un incendie). Les premières pages sont consacrées
à la rédaction de 14 articles statuant les droits, prérogatives et obligations relatifs
à l'exercice de la pêche. Ces statuts sont contresignés par les membres de la corporation,
liste qui s'étend sur deux pages.
Une assemblée annuelle réunissait tout ce monde sous la férule d'un « Zunftmeister
», maître de corporation, pour juger «crimes, délits et querelles» qui avaient eu
lieu durant l'année, en plus du bilan financier de la corporation. Son maître était
désigné par un vote et pouvait être reconduit dans ses fonctions de longues années.
Ainsi un certain Joseph Kopff assuma cette tâche pendant 16 années consécutives,
avant d'offrir sa démission en raison de son âge à 84 ans.
La corporation des pêcheurs avait ses emblèmes, bannière et grand porte-cierge en
bois richement sculpté, ces deux derniers objets toujours portés lors des processions.
Longtemps déjà, cette corporation s'est commuée en confrérie.
Ses assemblées se tenaient au restaurant « Au brochet ».
René
Kopff