Le document le plus ancien date de 1931. Ceux relatant les années précédentes ont été détruits avec la « Burelad» dans un incendie au XVIIème siècle. Ce coffret en chêne actuel a pris du service en 1751. Depuis inlassablement, chaque fin d'année, elle reçoit pour mémoire un manuscrit supplémentaire, une page d'histoire agricole, locale, nationale et mondiale.
Aujourd'hui, les agriculteurs considèrent la «Bürelad» et la corporation comme un patrimoine culturel inestimable. Toutes deux témoignent de leur rôle prépondérant pour l'agriculture de jadis. Les statuts de la corporation réglaient le rythme de toute la vie paysanne. A sa tête, un comité de cinq personnes que l'on retrouve encore aujourd'hui: trois assesseurs, un «Feldmeister» ou maître de corporation et un «Bott» ou secrétaire trésorier. Chacune de ces personnes remplissait des fonctions bien définies.
Le «Feldmeister» contrôlait par exemple le travail de l'asses- seur chargé de fermer les portes de la ville après l'angélus, heure après laquelle aucun agriculteur n'avait le droit de se trouver dans les champs sous peine d'être plutôt sévèrement puni. En quelque sorte, toute une
version du droit rural ancien se mêlant étroitement à la vie sociale. Parmi ses autres attribution, le maître de corporation départageait la terre en tirant les sillons au début de chaque année, percevait la dîme en nature, définissait les amendes à verser pour les dégâts causés à un champ, répartissait les prés communaux, notait les absents aux processions organisées notamment au début de chaque saison.
Le secrétaire-trésorier pour sa part remplissait un peu le rôle d'un ancien garde champêtre assermenté. Il gardait les forêts, les champs, évaluait les dégâts, contrôlait les bergers, faisait sonner la cloche en cas de brouillard, ordonnait la date de la moisson. C'est également lui qui portait jusque dans un passé récent la bannière de la corporation lors des processions de printemps à travers les champs.
En feuilletant les registres de la «Bürelad» on s'aperçoit qu'on ne plaisantait pas avec ceux qui transgressaient les règles: «Celui qui cherche la herse et ne la remet pas à sa place paie une livre et demi de cire». Mais la majeure partie de ces manuscrits n'a toujours pas livré tous ses secrets et pour cause : l'écriture vieux gothique allemand dans laquelle sont rédigés la quasi-totalité des rapports jusqu'au XIXème siècle et en allemand jusque vers 1945 constitue un obstacle pour le non initié.
Pages du livre : 102 et 103
Aujourd'hui la corporation est toujours dirigée par un comité au sein duquel subsistent les postes de «Feldmeister» et de «Bott» dont les rôles ont cependant considérablement évolué.
Le «Feldmeister» est nommé pour une année. Sa mission principale est de conserver précieusement la «Bürelad» et les documents qu'elle contient. En fin d'année où il est en poste, il rédige un rapport où il consigne tout ce qu'il désire.
Sa seule obligation : relater l'année agricole, la moisson, les rendements, les prix des produits, les nouveautés. Cela ne l'empêche pas par ailleurs de revenir sur les grands événements climatiques, politiques ou religieux. Dans le rapport de 1954 par exemple on parle des crues du Rhône, de la Seine, de l'attaque de Formose par la Chine communiste, de la défaite française de Dîen Bien Phu. Pour sa part, le «Bott» est désigné par le comité. Son premier rôle consiste à rentrer les cotisations annuelles, au demeurant fort modique.
En 1984, le comité a décidé de photocopier tous les documents de la «Bürelad» d'une part pour mieux pouvoir les consulter, d'autre part, pour avoir une assurance contre le feu ou le vol.
C'est également le «Bott» qui tient à jour le registre des adhérents, règle les dépenses courantes, soit essentiellement les messes dites à la Saint Isidore, saint patron des paysans au début de chaque saison et lors du décès d'un membre de la corporation.
A cette occasion le «Bott» met en place les «Zunftstange» (les torchères) datant de 1772 et qui accompagnaient jadis le défunt à sa lombe. A travers une bonne partie des faits et gestes du «Bott», surgit la dimension religieuse, inséparable de la vie de la corporation.
Chaque membre de la corporation, qui en regroupe encore quelques 130, tous catholiques, peut un jour s'il le désire, faire partie du comité. Le «Feldmeister» en titre en choisi un qui lui succédera dans trois ans, une fois que les deux assesseurs désignés les années auparavant auront à leur tour remplis les fonctions de «Feldmeister».
L'un des temps forts de la vie de la corporation est le repas offert par le nouveau «Feldmeister» qui réunit le comité chaque début d'année. Vers minuit, le «Feldmeister» de l'année écoulée présente son rapport avant de remettre la «Bürelad» au nouveau «Feldmeister». Cette réunion permet également de donner décharge au «Bott» pour sa gestion.
L'ancienne et la nouvelle génération d'agriculteurs portent toujours un intérêt identique à la tradition de la «Bürelad». Cette histoire, les agriculteurs d'Erstein vont continuer à l'écrire.
Ainsi demeurera un trait d'union entre les générations.
Avant-propos |
Erstein et l'Europe |
Burelad |
Liste-Exploitations |
Oberflacke 17-21 |
Oberflacke 22-25 |
Oberflacke 26-29 |
Oberflacke 30-34 |
Oberflacke 35-39 |
Oberflacke 40-44 |
Oberflacke 45-49 |
Niederflacke 52-55 |
Niederflacke 56-59 |
Niederflacke 60-62 |
Niederflacke 63-67 |
Dorf 71-74 |
Dorf 75-79 |