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LES PREMIERS ORGUES A ERSTEIN

Avec ses 64 jeux sur trois claviers et pédale, l'orgue actuel de l'église Saint-Martin d'Erstein compte parmi les plus grands instruments d'Alsace, voire de France ; c'est même le deuxième de la région par le nombre de jeux, après celui de l'église Saint-Paul à Strasbourg.

Mais l'histoire des orgues à Erstein, abondamment étudiée par le professeur Pie Meyer-Siat, connut des débuts beaucoup plus modestes sous l'Ancien Régime. Elle s'ouvrit en 1660, à une époque où l'Alsace se relevait difficilement des ravages de la Guerre de Trente Ans.

Facteur d'orgues d'origine suisse mais établi à Ensisheim vers 1659, Hans Jacob Aebi livra en 1660 un petit instrument de 9 jeux dans l'ancienne église abbatiale (Munsterkirche), qui fut transféré en 1702 dans le chœur de l'église paroissiale nouvellement achevée.

Une pédale de 2 jeux fut ajoutée en 1722 par le facteur strasbourgeois Joseph Waltrin. En 1750, cet instrument fut déplacé dans un autre endroit de l'église par Jean-André Silbermann, qui espérait être chargé de la confection d'un nouvel orgue.

Mais c'est à Nicolas Boulay que la Ville d'Erstein commanda en 1757 un nouvel instrument : posé l'année suivante, il n'était guère plus important que le précédent, ne comportant que 13 jeux sur un clavier et demi et une pédale indépendante.

Boulay avait appris son métier chez Joseph Waltrin, mais celui-ci n'avait probablement pas été le meilleur maître d'apprentissage possible et l'ouvrage d'Erstein fut sévèrement critiqué par Jean-André Silbermann.

De fait, cet instrument ne donna pas satisfaction et dès 1765 ses jeux d'anches furent démontés. Le maire et le recteur d'Erstein allèrent rendre visite à Jean-André Silbermann à Strasbourg pour lui demander de construire un nouvel orgue, mais rien ne se décida avant le décès du célèbre organier en 1783.

Ce n'est finalement qu'en 1804 que la Ville d'Erstein put acheter un orgue digne d'elle à Guebwiller et qu'elle put se débarrasser de l'orgue Boulay, « insignifiant pour la grandeur de l'église » ex qui fut revendu à Holtzheim, où le buffet existe toujours, transformé par l'ajout d'un soubassement et d'un positif de dos.

Un orgue Rohrer racheté à Guebwiller en 1804

L'instrument d'occasion acheté en 1804 provenait de l'église paroissiale Saint-Léger de Guebwiller. désaffectée par la Révolution au profit de la collégiale Notre-Dame devenue église paroissiale. Il avait été construit en 1742-1744 par le facteur d'orgues Johann Georg Rohrer.

Né vers 1786 en Bohême. Rohrer émigra dans la vallée du Rhin au début du XVIII e siècle, en compagnie de ses deux frères qui s'installèrent comme architectes à Rastati.

Après avoir travaillé dans le Nord de l'Alsace entre 1710 et 1722, il partit à l'instar d'André Silbermann, se perfectionner à Paris, où il s'associa avec François Deslandes ; avec lui, il érigea notamment l'orgue de l'abbaye de Savigny dont le buffet monumental est conservé dans la cathédrale de Coutances. en Normandie.

Revenu désargenté en Alsace, Rohrer s'associa temporairement avec un autre facteur d'orgues alsacien, Joseph Waltrin, jusque vers 1731, puis il travailla à nouveau à son propre compte, s'installant à Strasbourg, où il mourut le 5 mars 1765.

Il érigea au moins vingt-deux orgues neufs, dans des buffets souvent très élégants, dont douze d'entre eux sont parvenus jusqu'à nous.

Son orgue de Guebwiller fut commandé en 1742 par la paroisse Saint-Léger. Le marché initial ne prévoyait que deux claviers, un grand-orgue de 15 jeux et un dessus d'écho, avec une pédale de 3 jeux. La composition prévue pour le grand-orgue fut notée par Jean-André Silbermann (avec une orthographe souvent savoureuse).

L'orgue construit en 1757 par Nicolas Boulay pour l'église d'Erstein a été transféré en 1804 à Holtzheim, mais il conserve encore les armoiries d'Erstein sous la tourelle centrale. Cette photo d'archivé montre l'état de l'orgue d'Holtzheim au début du XXe siècle, avec ses tuyaux de façade anciens, avant qu'il ne soit transformé en 1927 puis doté en 1978 d'un soubassement et d'un positif de dos.

Récemment racheté aux enchères par la Ville d'Erstein, le Cornet d'écho remonte à 1744 pour sa tuyauterie et à 1805 pour le sommier refait par Callinet.

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PRESENTATION QUATRE ORGUES ANNUAIRE 2003 ANNUAIRE 2005 RESTAURATION HISTORIQUE PATRIMOINE