PRESENTATION
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Les débuts de l'électrification à ERSTEIN : une initiative privée.


C'est dans sa séance du 5 mars 1893 que le conseil municipal accordait à l'unanimité des voix aux entrepre­neurs MM. Muller et Wittenburg l'autorisation de pro­duire et distribuer le courant électrique dans la commune d'ERSTEIN.

La concession était accordée pour une durée de 20 ans et elle spécifiait le droit de préemption en faveur de la Ville des installations de production et du réseau de distri­bution.

L'énergie en courant continu était alors produite par les chutes de la "OELMUHLE" et de la "NÏEDER-MUHLE".

A la création de la "Bruhlyfabrik", la capacité de pro­duction de ces deux centrales s'avérait rapidement insuf­fisante et leurs propriétaires se voyaient dans l'obligation de construire une nouvelle usine plus importante.

C'est ainsi que fut édifiée la centrale sur l’Ill, telle qu'elle existe encore actuellement, dans ses grandes lignes. Les travaux débutèrent en 1906.

La centrale était équipée de deux turbines "Phönix", qui développaient ensemble 265 CV sous une chute de 1,46 m et un débit maximum de 20 mètres cubes/seconde; à ces turbines étaient accouplées deux dynamos.

La fourniture et le montage des machines étaient con­fiés à la Société SCHNEIDER-JACQUET & Cie -G.M.B.H. à Strasbourg.

La nouvelle usine était une centrale au fil de l'eau, donc tributaire au point de vue puissance du débit de l'Ill. Le cours d'eau étant principalement alimenté par les rivières prenant leur source dans le massif vosgien, celui-ci avait un débit très irrégulier.

En effet, à la fonte des neiges, il était en crue et en été, pendant la période d'étiage, on constatait une forte chute de débit, d'où une importante variation dans la produc­tion de la centrale. Pour pallier ces variations, il fut ins­tallé une batterie d'accumulateurs au plomb de 110 KW, qui faisait office de régulateur. Très vite, cette source d'énergie devenait trop faible.


Les Usines Municipales.


En raison de l'augmentation rapide des abonnés et de l'extension de la "Bruhlyfabrik" la nouvelle usine, à peine créée, ne pouvait plus assurer la demande crois­sante d'énergie. Les ressources hydrauliques étant épui­sées, deux solutions étaient possibles :

-   soit l'adjonction d'une usine thermique,

- soit l'interconnexion avec un autre centre de produc­tion plus important, tel que Electricité de Strasbourg.

Les propriétaires avaient conclu avec la filature d'Ers-tein un contrat tellement désavantageux que seule la pro­duction hydraulique s'avérait rentable. Comme celle-ci ne pouvait plus être développée, l'usine fut mise en vente par ses propriétaires.


L'Electricité de Strasbourg, qui avait déjà absorbé tou­tes les petites usines depuis la Vallée de la Bruche jusqu'à LAUTERBOURG, essayait par tous les moyens d'acquérir également l'usine d'ERSTEIN,

Mais la municipalité, sur l'initiative de son maire de l'époque, M. Jean-Georges ABRY, faisait valoir son droit de préemption.

Après expertise des bâtiments, des installations et de la rentabilité de l'exploitation, le conseil municipal, dans sa séance du 14 août 1909, décidait l'achat de tout le patri­moine.

Le prix d'achat de la centrale et du réseau existant, des maisons et des dépendances de l'Oehlmuhle et de la Niedermühle, du jardin ainsi que du droit d'utilisation de la force hydraulique à Nordhouse s'élevait à 262.000 M.


Dans la même séance, il fut décidé, en vue d'augmenter la production, l'installation d'une centrale thermique, d'une nouvelle dynamo, du renouvellement de la série des accumulateurs et de la rénovation du réseau électrique. Le conseil municipal a voté en même temps les 118.000 M de crédits nécessaire à la réalisation de ce programme.

L'acte de vente fut signé par devant M. Erbes à Erstein le 23 septembre 1909.


L'USINE MUNICIPALE D'ERSTEIN EST NEE.


La société HEINRICH-LANZ de MANNHEIM fut chargée de l'installation d'une locomobile du type "V 19" dans un immeuble construit à côté de la centrale hydraulique. Et l'on vit alors se construire une cheminée de 30 m de haut; cette machine fut accouplée à une dynamo de 400 KW sous 220-240 volts en complément de la force hydrau­lique de l'Ill. Elle a fonctionné jusqu'en 1920.


A la suite de la sécheresse exceptionnelle de l’année 1911 et de l'augmentation constante de la consommation de courant, une convention fut établie avec Electricité de Strasbourg, accordant une puissance d'appoint de 200 KW pendant les pointes et permettant d'absorber le courant pendant les heures creuses. L'interconnexion avec le réseau strasbourgeois nécessitera l'installation d'un nou­veau poste de transformation et d'un convertisseur, le réseau d'Erstein continuant à fonctionner en courant con­tinu.


Entre deux guerres - Occupation et Libération.


En 1920, la Ville a transformé et modernisé la centrale électrique. La locomobile fut vendue, les accumulateurs devenus inutilisables furent enlevés et une installation de distribution électrique avec des convertisseurs synchrones fut réalisée. Entre les années 1920 et 1929, d'autres travaux importants furent effectués :

- la construction d'un mur de soutènement du bief des rives du canal du Moulin,

- d'un hangar avec atelier et garages,

- la pose de palplanches métalliques en amont de l'entrée des turbines pour protéger les berges et les murs contre l'action de l'eau.

Mais la production régulière de la centrale au cours des années reste l’une des préoccupations majeures du Maire ; en effet, pendant les mois d'été, et de septembre à octobre des années 1927 et 1929, les débits faibles de l'ill n'ont pas permis de couvrir les besoins en énergie électrique des abonnés de la centrale de l'Oehlmüihle. De ce fait, comme les autres utilisateurs de la force hydraulique installés sur l'Ill entre Colmar et Strasbourg, la Ville a dû acheter à l'Electricité de Strasbourg une grande partie du courant distribué.


En 1930, le maire de l'époque, M. Philippe Kornmann, dans sa lettre du 21 août 1930, demande au service de la navigation et du génie rural la construction d'un canal entre le Rhin et l'Ill, à hauteur de Colmar.

Le projet de construction de ce canal avait vu le jour vers 1914 et par suite de la Première Guerre Mondiale, les tra­vaux ne furent pas entrepris. Le conseil municipal avait approuvé une participation de 40.000 M.

Cette liaison entre le Rhin et l'Ill devait maintenir, sur­tout en été, un débit minimum de 15 m/seconde dans l’Ill et ainsi supprimer en grande partie les périodes d'étiage et assurer une meilleure production de toutes les centrales hydroélectriques installées entre Colmar et Strasbourg.


Malheureusement, la demande du maire d'Erstein ne fut pas suivie d'effets.

Les travaux de transformation du courant continu en courant alternatif furent commencés en 1938. Pendant le début de la guerre 1939/40, les travaux furent arrêtés et repris sous l'Occupation, pour être achevés en 1942. Les dynamos ont été remplacées par des alternateurs à la même époque.

La mise en service du deuxième alternateur, en 1941, ter­minait la transformation du réseau en courant alternatif.

L'usine a connu une période critique à la Libération. Au repli des forces militaires et à l'exode de la population, le personnel fut réduit à trois agents qui assuraient non seule­ment la marche en autonome de l'usine, mais réparaient en même temps, avec très peu de moyens, les destructions du réseau. La ligne d'alimentation de l'Electricité de Stras­bourg était détruite.


Une période transitoire de simple entretien et d'exten­sions limitées du réseau allait suivre et Erstein prenait, dans le domaine de l'électrification, un retard qui s'aggravait d'années en années.

Consciente de cette situation, l'équipe municipale, issue des élections de 1965 a mis en route un réel programme d'investissements.

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