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13.08.2014

Voilà un métier qui depuis longtemps est tombé dans l'oubli et qui pourtant, autrefois, nourrissait parfaitement son homme.

Nous avons découvert l'emblème de l'un de ces artisans sur le poteau cornier du Café de l'Ours, au n° 5 de la rue du Moulin. Dans le cas particulier, cet emblème relativement rare est symbolisé par trois clous disposés en éventail au-dessus d'un cœur. L'inscription qui accom­pagne cet ornement indique la date de construction de la maison (1782) ainsi que les initiales des noms des propriétaires primitifs : Jean-Paul Ferrenbach et son épouse Marie Madeleine Louise Heym. Ce Jean-Paul Ferrenbach, né en 1730, a exercé le métier de cloutier jusqu'à sa mort en 1807. Deux de ses fils ont choisi la même profession.  Fig : tableau famille - cloutiers

Quant à sa fille Marie Salomé, elle s'est mariée avec François Dominique G'sell, un cloutier originaire de Kaysersberg. Ce dernier a certainement déployé une grande activité, car, dès 1796 il est cité à de nombreuses reprises. Il prit la succession de son beau-père et habita la même maison que lui. La preuve en est donnée par le registre d'état-civil où l'on mentionne que «Marie Salomé Ferrenbach, conjointe de François Dominique G'sell, cloutier, et fille de Jean Paul Ferrenbach, est morte le 5 décembre 1831 au Quartier Verd, dans la maison n° 107 » ; cette habitation correspond précisément à l'emplacement de notre Café de l'Ours.

François Dominique G'sell est décédé en 1833, à l'âge de 78 ans, tandis que son fils Armand G'sell également cloutier, mais demeurant dans la maison n° 64 au Quartier Verd, est déjà mort en 1828, âgé de 39 ans seulement.

Quel fut le sort de la clouterie ? D'après les matrices cadastrales de l'époque, les autres enfants de François Dominique G'sell, qui étaient cultivateurs, ont vendu en 1837 la maison et le bâtiment annexe à Joseph Jehl, cabaretier à Erstein.

Nous avons établi un second tableau où figure un certain nombre d'autres cloutiers ; il en ressort que cet artisanat s'est maintenu dans notre cité jusqu'à la fin du XIXème siècle, époque à laquelle il a disparu sous la pression industrielle.

Les cloutiers (« Nagelschmied ») étaient en fait des forgerons spécialisés qui fabriquaient des clous de tout modèle et de toute grandeur faits à la main. Ils étaient très estimés par la population, notamment par les charrons, les charpentiers et même les forgerons qui venaient s'approvisionner auprès d'eux.

L'atelier du cloutier comportait la forge proprement dite dont le feu était activé par un soufflet, une petite enclume de forme assez particulière, des tranchets, des moules et plusieurs marteaux spécialement conçus pour ce genre de travail. La dextérité du cloutier était proverbiale. Il utilisait des tiges de fer très minces dont il chauffait l'une des extrémités au rouge ; puis il forgeait des clous un à un, avec une rapidité et une précision surprenantes. Aux personnes qui voudraient en savoir plus, nous conseillons vivement de lire l'article paru dans l'Annuaire 1968 de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Molsheim, où l'auteur R. Rèbre décrit d'une façon admirable le travail et l'habileté manuelle de cet artisan.

Détail original : le dernier cloutier d'Erstein avait dressé un chien pour actionner une roue de bois large et légère, laquelle, à son tour, mettait en mouvement le soufflet, à la manière des écureuils que l'on place dans une roue qu'ils font tourner en s'amusant. Un jour des garnements eurent l'idée stupide de nouer à la queue du chien une ficelle à laquelle ils avaient attaché des casseroles ; pris de panique, l'animal s'enfuit à travers les rues en traînant après lui la batterie de cuisine qui faisait un bruit épouvantable. On ne le revit plus jamais, de sorte que le pauvre cloutier fut contraint de chômer le temps de dresser un autre chien.

LES CLOUTIERS

Emblème de cloutier sur un poteau cornier de la maison n° 5 rue du Moulin (Café de l'Ours) avec les initiales du nom des propriétaires primitifs: Jean Paul Ferrenbach, cloutier. Marie Madeleine Louise Heym.

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