Somme toute le calfat est un charpentier spécialisé dans la construction de bateaux. Il utilise les mêmes outils ou intruments que le charpentier de maison, à savoir :
scies et rabots de différents modèles
plane (« Ziehmasser » , « Schnitzelmasser »)
herminette (« Dachsel »), l'outil par excellence du calfat
ciseaux ou gouges (« Stachbittel » , « Stammise »)
tenailles, marteaux, maillet de bois (« Klopfholz » , « Kog »)
pied de biche (« Geissfuess ») qui sert à arracher des clous
doloire (« Zwaràx »)
tarières hélicoïdales (« Schnackebohrer » et « Spitz-bohrer ») ou à cuillère (« Loffelbohrer ») qui servent à faire des trous dans le bois. Celles de petit diamètre sont actionnées à l'aide d'un villebrequin (« Bohrwjnde »). Les grandes sont munies d'une poignée tranversale.
serre-joints à vis de petite et grande tailles (« Schraubzwinge »)
gabarits (« schàblone », « Mod'l »), c.à.d. des modèles en vraie grandeur sur lesquels on façonne certaines parties dans la construction des bateaux.
divers instruments comme le compas d'épaisseur à branches courbes, le compas à pointes sèches qui permet de reporter une longueur sans avoir à la mesurer, la fausse équerre (« Schrâjmesser ») qui permet de prendre la mesure d'un angle quelconque, le trusquin (« Strichmod'l ») qui sert à tracer une ligne parallèle à l'arête du bois.
Naturellement le constructeur de bateaux avait aussi des outils propres à son métier, notamment des intruments de calfatage : bois à bourrer (« Moosàn-setzer ») bois à tasser (« Moostrüwel »), maillet à mousse (« Moosklipfel »), crochet à mousse (« Moos-hoke »), fer à calfater ou calfait (« Kàlfàtise ») etc.
Nous avons eu la bonne fortune de pouvoir visiter l'atelier de l'un des derniers calfats d'Erstein, Jules Laufenburger, lequel avait conservé tous les objets de son prédécesseur Joseph Fassel. Outre les outils que nous venons d'énumérer, on y trouve un établi de menuisier muni de deux étaux, un banc à dresser (« Schnitzelbànk »), des chevalets, des cales, des poulies, des leviers (« Hebise »), de gros rouleaux de bois (« Holzrolle »), des caissettes à clous à anse (« Nàjelkischtel »), et plusieurs tabourets de calfat (« Sitzkàschte »). Le tabouret était utilisé en position soit verticale, soit horizontale, suivant la nature des travaux à effectuer. A la base il comporte une case avec différents outils à portée de la main : marteau, maillet, tenaille, etc.. Mme Marthe Dietrich, une fille du calfat Jules Laufenburger, nous a signalé que son père possédait également une petite forge (« Feldschmiede ») que la famille a vendue.
En fait de machines on peut voir dans le local :
- une grande meule à aiguiser
des crics à crémaillère (« Holzwinde ») actionnés à l'aide d'une manivelle. Le fût, cerclé de fer, est en bois de chêne ou de hêtre.
des viaules (« Zugwinde ») qui permettaient de serrer avec force des pièces de bois les unes contre les autres, comme les planches du fond par exemple. L'une d'elle porte la date de 1755 et se trouve encore en parfait état de marche ; elle a sans doute servi à toute la lignée Fassel (voir chap. : Les familles)
enfin et surtout un cabestan à bras impressionnant (« Kàppestander »), c.à.d. un treuil à arbre vertical sur lequel peut s'enrouler un câble puissant. Muni de deux barres horizontales qui traversent le fût (« d'r Kheni ») de part en part, il servait à tirer de gros bateaux sur la terre ferme en les faisant passer sur des rouleaux de bois. Pour le manœuvrer, il fallait au moins huit hommes. L'actionnement de cette énorme machine n'était pas sans danger ; si par malheur, deux ou trois ouvriers glissaient et lâchaient subitement prise, le retour brusque du treuil pouvait causer des accidents graves.
Outils de calfatage