avril 2015
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TECHNIQUE DE CONSTRUCTION

Construire un bon bateau exige une technique plus difficile à maîtriser qu'il n'y paraît. Comme nous l'avons vu, le bateau de bois à fond plat tradi­tionnel était fabriqué avec des planches de sapin ou de pin. Seul les courbes (« Range »), les traverses du fond (« Noie ») et les seuils (« Schorbratt ») étaient faits en bois de chêne.

Les courbes constituent les éléments de conso­lidation essentiels de la charpente. Les façonner représente déjà un art en soi. Comme le bois du chêne se laisse difficilement cintrer à la vapeur, les calfats recherchaient le bois naturellement tors de l'arbre (« gewàchseni Range »). Après avoir sélec­tionné avec soin les parties coudées de la ramure, ils les sciaient dans la forme voulue, en suivant la ligne d'inflexion. Inutile de dire que cette opération demande un coup d'œil juste et sûr.

La technique de construction, telle que nous allons la résumer maintenant, était la même depuis des siècles. Prenons comme exemple la fabrication d'une barque de pêche.

Dans un premier temps, le calfat assemblait les plan­ches du fond en clouant des traverses espacées de 50 cm environ. Après quoi il procédait au cambrage des parties avant et arrière en les assouplissant à la vapeur ; il effectuait l'opération à l'aide de crics mécaniques (« Holzwinde »), le fond étand maintenu fermement sur des chevalets. En même temps, il montait les cotés dont le cintrage se faisait égale­ment à la vapeur. Les clous qui les maintenaient au départ étaient provisoires ; ceux qui les remplaçaient définitivement étaient en fer forgé et enfoncés dans des avant-trous forés dans le fond. L'artisan avait soin d'insérer une tresse de massette (« Knoschpe-zopfel ») tout le long du joint, afin d'assurer sa par­faite imperméabilité. Ensuite il encastrait avec pré­cision les deux seuils. La fixation des courbes ne venait qu'en dernier. Il fallait que chacune d'elle soit découpée avec une cambrure précise pour pouvoir l'ajuster parfaitement à la coque.

Restait à réaliser la couture des joints du fond, tâche ardue et délicate, mais dont dépendait l'étanchéité du bateau. Le calfat commençait d'abord par élargir le joint en surface, en le rainant régulière­ment sur toute la longueur avec une serpette spé­ciale (« Rabmasser »). Puis il bourrait l'entaille avec de la mousse légèrement humectée qu'il tassait ensuite à l'aide du bois à calfater (« Moostrûwel ») et du maillet à mousse (« Moosklipfel »). Par dessus, il plaçait une tresse de massette (« Knoschpezopfel »). Pour finir, il couvrait le joint d'une fine baguette de troène (« Tintebeerle ») ou de cornouiller (« Hertreila »), en la fixant avec des cavaliers (« Hàfte ») cloués à intervalles de 2 cm. Pour les bateaux cons­truits en chêne tels que les « Nachen » le calfat remplaçait les cavaliers par des nailles ou appes (« Froschle, « Schüeweblach ») qu'il imbriquait à la file comme les tuiles d'un toit. A cet effet il se servait d'un fer à nailler (« Biejise »), dont l'une des extrémités pré­sente un tranchant en biseau. Pour fixer la naille, il pratiquait d'abord de part et d'autre de l'entaille une incision en biais. Après avoir enfoncé l'une des ailettes, il repliait l'appe par-dessus le fer à nailler à l'aide du marteau à nailler (Sentelhàmmer »), puis fichait l'autre ailette dans l'incision du bord opposé.

L'artisan exécutait ce minutieux travail à la per­fection avec une vitesse et une dextérité étonnantes.

Chaque bateau ainsi fabriqué constituait une pièce unique qui réagissait avec une sensibilité pro­pre à laquelle le futur utilisateur devait nécessaire­ment s'adapter.

A notre connaissance, il n'y a plus un seul cons­tructeur qualifié dans la région. Les barques plates que nous voyons aujourd'hui sur nos cours d'eau sont presque toutes bricolées. Malgré leur appa­rence, elles n'ont plus rien de commun avec les bateaux sortis des mains d'un maître calfat.

1.  Les planches du fond sont assemblées bord à bord.

2.  Une rainure est pratiquée sur toute la longueur du     joint à l'aide d'une serpette spéciale («Rabmasser»).

3.  L'entaille est garnie de mousse à l'aide du bois à     bourrer («Moosànsetzer»).


4.  La mousse est tassée à l'aide du bois à calfater     («Moostriïwel) ' et du maillet à mousse («Moosklipfel»).

5.  Une feuille de massette effilochée est placée par     dessus la mousse («Knoschpezôpflel»)

6.  Le joint est couvert d'une baguette de troène ou de     cornouil­ler de section trapézoîde (« Holzfadder »),     fixée avec des clous cavaliers (« Hàfte», «Najes »).


Les différentes phases du calfatage à la mousse.

L'activité Le chantier du calfat Les matériaux Les outils et machines Technique de construction
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