avril 2015
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Le devis est accepté par l'administration du gymnase. Alors, dans un sursaut d'amour propre et malgré la gravité de son état, Auguste Rapp assemble la première nacelle. H l'expédie le 13 juin, en adressant à l'économe du collège un petit mot :

Erstein, le 13 juin 1913 « Suite à votre honorée du 20.5.1913, j'expédie aujourd'hui le bateau que vous avez commandé. J'espère qu'il vous donnera satisfaction. Il vient d'être livré à la gare d'Erstein d'où il partira vers 16 heures. Dès que vous serez avisé de son arrivée, veuillez le faire chercher. Le déchargement devra se faire manuellement et non à la grue, pour que la barque ne soit pas endommagée.

J'ai numéroté à la craie les avirons et les banquet­tes, afin que vous puissiez les disposer dans l'or­dre. Le gouvernail se trouve également à part. Il est facile de le mettre en place. En cas de non-utilisation, on peut l'enlever, tout comme le siège arrière.

Par grosse chaleur, il faut couvrir la nacelle aux deux extrémités et verser un peu d'eau en son milieu. En hiver, il convient de la mettre à l'abri dans une remise... »

Ce fut la dernière barque construite par Auguste Rapp. Il mourut cinq mois plus tard à l'âge de 38 ans.

Cette courte histoire ne vient que renforcer l'image du calfat en général. Un calfat était d'abord un artisan qui possédait un solide bagage scolaire. Il avait l'amour du métier qu'il connaissait à fond et dont il était très fier. Avant de construire un bateau, il écoutait attentivement les besoins de celui qui le lui commandait. S'astreignant à une discipline sévère, il avait le souci constant du travail bien fait. Rien ne lui faisait autant plaisir que de lire la satis­faction sur le visage du client venu chercher sa bar­que neuve. Sa compétence, sa conscience profes­sionnelle et sa serviabilité faisaient de lui un homme respecté par tous.

Le rayon d'action de Joseph Fassel était très vaste ; il livrait des embarcations dans toute l'Al­sace, en Moselle, en Meurthe et Moselle, dans le département des Vosges et en pays de Bade. Son meilleur client était bien sûr l'entrepreneur Wittenburg. Les pêcheurs et les bateliers de la Wantzenau lui était particulièrement fidèles. Fassel fabriquait aussi tous les bateaux de joutes de la Société Nauti­que 1887 de Strasbourg ; entre 1887 et 1909, il a livré pas moins de 29 nacelles de compétition.

Outre les pêcheurs, bateliers, entrepreneurs, services de navigation, Ponts et Chaussées, amateurs de sports nautiques, le calfat avait bien d'autres clients qui achetaient des bateaux, soit pour des rai­sons professionnelles, soit pour des activités de loi­sirs. La personnalité de certains n'est pas sans inté­rêt. Au fil des pages du livre de comptes, on trouve ainsi le Baron Zorn de Bulach (Osthouse), le Baron de Bancalis (Gerstheim), le Baron de Kessling (Krafft), la Comtesse Paul de Leusse (Reichshoffen).

Parmi les gens qui utilisaient des bateaux dans l'exercice de leur profession, on relève beaucoup de meuniers, des tanneurs (Stoll à Strasbourg, Paul Walter, Diehl et Wendling à Benfeld), des « Wasch-pritschenbesitzer », c'est-à-dire des propriétaires de bateaux-lavoirs (Robert Keith au quai Saint Jean à Strasbourg), des tenanciers d'établissements de bains (Charles Kientz des Bains Mathis à Strasbourg) et même un vannier d'Illingen nommé Karl Fütterer. Ce dernier, soit dit en passant, était très mauvais payeur.

Ensuite figure dans les registres de Fassel toute une série de personnes qui consacraient leurs loi­sirs à des promenades au fil de l'eau : des indus­triels, des directeurs d'entreprise, des commerçants, des peintres, des pharmaciens, des professeurs - sans oublier le pasteur Stricker à Plobsheim, [ 31 ] les Frè­res de Matzenheim et l'économe de l'asile psychia­trique de Stephansfeld. Le collège de Zillisheim commandait des barques à avirons pour les élèves. Des médecins, comme le Dr. Walcher d'Erstein et le Dr. Sieffermann de Benfeld, [ 32 ] étaient des fer­vents adeptes du canotage. Enfin, nombre de gens de condition plus modeste n'hésitaient pas à se payer une barque rien que pour le plaisir de naviguer ; tels le boulanger de la coopérative de la Filature (« Fàwrik-Konsüm ») à Erstein ou le maître ramoneur Fritsch au n° 3 rue Finkwiller à Strasbourg.

Joseph Fassel a cessé son activité en juillet 1910. Les deux derniers bateaux qu'il a construits étaient destinés à des pêcheurs de la Wantzenau.

Le   livre   de   comptes   de   Jules Laufenburger.

Ce cahier concerne une période relativement restreinte. Comme il donne des informations iden­tiques à celles qui figurent dans les registres de Joseph Fassel, nous n'en dirons pas davantage.

Le livre de correspondance de Joseph et Auguste Rapp.

Le livre de correspondance de Joseph Rapp et de son fils Auguste commence le 15 juin 1894 et finit le 10 mai 1910. En le feuilletant, on est d'abord frappé par le fait que les deux calfats écrivaient le français aussi couramment que l'allemand. Témoin cette copie d'une lettre de Joseph Rapp, datée du 20 janvier 1895 et adressée à Jean Gebelé, marchand de bois à Ribeauvillé :

« J'ai appris que vous avez un grand commerce de bois. Aujourd'hui, je m'adresse à vous pour savoir si, au printemps prochain, vous pourriez me livrer une voiturée de planches de pin frais, pas bleu, se prêtant à la construction de bateaux. Il faut des blocs de 9 m à 10 m de long avec un diamètre de 42-50 cm au milieu. Il faut qu 'ils soient droits, sans noeuds nuisibles et sans fentes. Les planches doivent être sciées à 28-30 mm d'épaisseur. Quant aux planches extérieures de chaque bloc, elles doivent avoir une largeur de 30 cm au milieu et sur la face externe.

Ainsi Monsieur Gebelé, veuillez me faire connaî­tre dans la huitaine si vous êtes en état de fournir la dite qualité et quel serait le dernier prix du mètre carré rendu franco à Erstein contre paiement comptant. »

Le livre des Rapp est intéressant parce qu'il contient de nombreux devis détaillés. Nous n'en cite­rons que deux exemples :

Devis (1905) pour un « Dreibord » de 9,40 m de long.

entièrement en bois de pin. Largeur du fond au milieu 0,90. Hauteur des côtés 0,44. 5 paires de courbes.

Il sera employé à cet effet :

Pour le fond et les côtés : 18 mètres carrés de bois de pin de première qualité à 2,50 M le mètre carré 45,00

Traverses en chêne 8,00

Cinq paires de courbes en chêne 10,00

Différentes sortes de clous et nailles.. . .7,50

Roseaux et mousse 3,00

Main d'œuvre à 4 M la journée 20,00

Total 93,50 Marks

Transport à la gare d'Erstein : 4 M.

Devis (1910) pour une barque de promenade de 8 m de long.

entièrement en bois pin. Largeur du fond au milieu 0,75. Traverses en chêne. 3 paires de courbes en chêne, traitement au goudron végétal.

Pour le fond et les côtés : 18 mètres carrés de bois de pin de première qualité à 2,50 M le mètre carré 45,00 M.

Traverses en chêne 4,50

Trois paires de courbes en chêne 3,00

Différentes sortes de clous 6,80

Roseaux et mousse 3,00

Siège arrière et banquettes 1,80

Traitement au goudron végétal 4,80

Main d'œuvre à 4 M la journée 12,00

Chaîne, crochet et piton 1,40

Deux avirons à 2,60 M pièce 5,20

Les ferrures pour les avirons 2,30

Total 89,80 Marks


Ces devis mettent en évidence un point : par­fois le client s'imagine que la vente d'un bateau représente, pour le calfat, un bénéfice net ; il oublie le coût du matériel utilisé pour la construction.

D'après la correspondance, les Rapp ne sem­blaient pas travailler pour l'entreprise Wittenburg. Sous ce rapport, la situation de leur chantier près du « Muhlgraben » n'était guère favorable. Ils avaient malgré tout une excellente clientèle. En plus, ils exploitaient un train de culture qui leur procurait des revenus supplémentaires. Malheureusement Auguste Rapp, dernier calfat de la lignée, fut frappé par une maladie inexorable à la force de l'âge. A partir de 1911, il dut cesser toute activité. Nous ne voudrions pas clore ce chapitre sans évoquer un épisode émou­vant qui a marqué les derniers mois de sa vie.

Au cours du mois de mai 1913, il reçoit une lettre émanant du Collège épiscopal de Zillisheim. « Nous aimerions faire l'acquisition de deux barques de promenade » écrit l'économe de l'établissement. « Nous avons l'autorisation de naviguer sur le canal du Rhône au Rhin. Il faudrait que chaque nacelle puisse transporter 6 à 8 personnes. Les barques devraient avoir une certaine élégance et comporter chacune quatre avirons ainsi qu'un gouvernail... »

A la lecture de la lettre, le pauvre calfat res­sent un véritable choc. Il s'empresse d'établir un devis, dont voici la copie :

Erstein, le 18 mai 1913

RENSEIGNEMENTS  TIRÉS  DE  LIVRES  DE  COMPTES

ET  DE  CORRESPONDANCE.

Nous avons eu l'occasion de compulser deux livres de comptes du calfat Joseph Fassel, un autre du calfat Jules Laufenburger, ainsi qu'un livre de correspondance des calfats Joseph et Auguste Rapp. Ces documents concernent essentiellement la période du « Reichsland ». Ils sont intéressants parce qu'ils permettent d'approfondir les conditions d'exercice du métier à une période donnée

Les livres de comptes de Joseph Fassel.

Le premier registre, tenu par l'épouse du calfat, débute le 8 novembre 1877, c'est-à-dire trois jours après le mariage du couple, et couvre une période de 18 ans. Il est rédigé entièrement en fran­çais, ce qui n'a rien d'étonnant puisque la jeune femme avait effectué sa scolarité sous le second empire. Moins évident est le fait que, jusqu'en 1896, elle s'est obstinée à marquer tous les prix en francs, quitte à les reconvertir ensuite en marks. Ceci expli­que pourquoi, dans la suite de notre article, les prix figurent tantôt en francs, tantôt en marks.

Le deuxième livre de comptes s'étale sur une dizaine d'années (1901-1910). Il est rédigé en alle­mand par Joseph Fassel personnellement. Sur la pre­mière page, le calfat a noté son emploi du temps pour les jours ouvrables :

Matin 7h à   8h : faire la cuisine

  8 h à   9 h :        travailler

  9 h à 10 h :           "

 10 h à 11 h :          "   

 11 h à 12 h :          "    

 12 h à 1 h :       déjeuner

Après-midi - 1 h à 2 h : travailler

 2 h à 3 h :                          "

 3 h à 4 h :                          "

 4 h à 5 h :                          "

 5 h à 6 h :      faire la cuisine

A cette époque, le calfat avait déjà réduit son activité et s'il a commencé à faire lui-même les écri­tures et la cuisine, c'est parce que sa femme était tombée malade. Elle est morte d'ailleurs quelques années après. Les deux livres de comptes donnent une foule de renseignements non seulement sur l'activité de l'artisan, mais également sur les fournisseurs, la clientèle, les prix, les salaires et ainsi de suite. Voyons d'abord comment et où le calfat se pro­curait les matériaux nécessaires à l'exercice du métier, en premier lieu le bois.

Pour ce qui est du chêne, Fassel achetait des arbres sur pied dans les forêts avoisinantes et les fai­saient abattre par le bûcheron. Ensuite, des scieurs de long débitaient les troncs en planches, un tra­vail particu- lièrement dur. A partir de 1890, cette opération fut grandement facilitée grâce à l'entrée en fonction de la scierie de la Grabenmühl. Le patron, Joseph Andlauer, demandait 8 à 10 f pour le sciage d'un tronc de chêne [ 29 ]. Les branches cou­dées de l'arbre servaient à façonner les courbes. Quand Fassel ne trouvait pas assez de ces éléments sur place, il en achetait aux enchères dans les forêts communales de Benfeld, Hûttenheim, Sermersheim, Stotzheim ou Itterswiller. En 1887, lors d'une adju­dication de bois à Sermers- heim, il paye 40 F pour cinq stères de courbes ; le voiturier demande 5 F 25 pour le transport à Erstein.

Comme ses collègues, Fassel préférait le bois de pin de la forêt de Haguenau à celui des Vosges. Il faisait venir les planches de la scierie Messner à Soufflenheim, laquelle était spécialisée dans le bois de pin en provenance de la susdite forêt. Comman­der le bois était un stade très important de la cons­truction d'un bateau. C'est pourquoi Fassel allait toujours vérifier sur place si la marchandise avait bien les qualités requises.

Pour les planches de sapin, il s'adressait à des scieurs et marchands de bois des collines sous-vosgiennes (Auguste Frantz et Wernert à Ville, Stalter à Thanvillé, Lienert et Ottenwâlter à Châtenois, Sengler à Breitenbach, Kientz à Nothalten, Koessler et Weil-Haeringer à Barr, « Dampfsägewerk » Buhr à Obernai).

Les clous à bateau étaient livrés par les cloutiers locaux. Lorsque le dernier du métier, Joseph Schaffret, décéda en 1887, Fassel était obligé de se fournir chez des cloutiers de Strasbourg (A. Fuchs, maître cloutier rue du Chapon) ou d'Outre-Rhin (Cari Glauner à Kehl, Karl Emmisch à Freistett, Rudolph Friedrich à Vieux-Brisach) [ 30 ].

A titre indicatif, voici les prix pratiqués en 1892 par l'un de ces artisans :

clous à bateau de 10 cm.. . . 1,20 Marks le cent

clous à bateau de 8 cm  80 Pfennigs le cent

clous à bateau de 6 cm  60 Pfennigs le cent

nailles  5,50 Marks le mille

Fassel faisait ferrer les rames et les perches chez le forgeron du quartier. Ce dernier lui préparait éga­lement les pitons et les chaînes, de même que les garnitures pour avirons et gouvernails. Le ferrage d'une rame ou d'une perche revenait à 1 F 20. Lorsque le calfat était à court de feuilles de massettes, il en achetait chez un pêcheur à Ottenheim au prix de 1 F la botte. Son ami Théobald Deiber, calfat à Plobsheim, lui procurait de temps à autre un chariot de mousse des marais. Le tonneau de goudron végétal commandé chez le marchand de bois Ch. Zabern, 5 Quai Müllenheim à Strasbourg, revenait à 40,35 F ; le voiturier demandait 1,50 F pour le transport jusqu'à Erstein.

Dans les livres de comptes de Joseph Fassel figurent bien entendu le prix de vente des bateaux et des accessoires, ainsi que le coût des réparations effectuées.

Voici quelques exemples : une barque de pêche ersteinoise.

Longueur 9 m, entièrement en bois de pin, 1 paire de courbes, largeur du fond au milieu 0,80, hau­teur des cotés à l'intérieur 0,38 42 Marks (1908, pour le pêcheur Fender Max à Erstein).

une barque de pêche du type Wantzenau.

Longueur 7 m, 1 paire de courbes, largeur du fond : à l'avant 0,72, au milieu 0,65, à l'arrière 0,45, hau­teur des cotés à l'intérieur 0,34 : 36 Marks

(1901, pour Joseph VIX, pêcheur à la Wantzenau).

La même barque avec 2  paires de courbes 38 Marks

(1901, pour Ebel père, pêcheur à la Wantzenau) une barque de pêche sans courbes Longueur 9 m, largeur du fond : à l'avant 0,82, à l'arrière 0,60, hauteur des cotés à l'intérieur 0,30 : 40 Marks

(1905, pour Charles Schmitt, pêcheur à Strasbourg).

un bachot d'éclusier.

Longueur 5 m, largeur du fond au milieu 0,85 : 22 Marks

(1901, pour l'éclusier Fuchs à Krafft).

une barque de batelier (« Nàchel »).

Longueur 9 m, 4 paires de courbes, largeur du fond

au milieu 0,97, 2 crochets 65 Marks


(1905, pour Jean Metz, batelier à Kogenheim).

un « Dreibord ».

Longueur 10,50 m, 7 paires de courbes, largeur du fond au milieu 1,60 m, hauteur des cotés 0,50, 1 payolle (« Oberboden »), lisses de raccage, traitement au carbolineum : 128 Marks.

(1901, pour Hartmeyer, entrepreneur à Colmar ; le transport à Colmar coûte 12 Marks).

un « Kranzdreibord ».

Longueur 10 m, 6 paires de courbes, largeur du fond : à l'avant 0,85, à l'arrière 0,75, hauteur des cotés à l'intérieur 0,40, hauteur du « Kranzbord » 0,30, 1 payolle (« Oberboden »), lisses de raccage, traitement au goudron de bois, 1 chaîne de 4 m de long : 201   Marks

(1906, pour le « Wiesenbaumeister » Kieffer à Sélestat).

un « Nachen ». Longueur   16   m,   largeur   du   fond   1,55   m : 560 Marks

(1904, pour le canal du Rhone au Rhin). Le calfat préférait construire les « Nachen » durant les mois plus calmes de l'hiver.

une barque de promenade.

Longueur 6,50 m, entièrement en bois de pin, lar­geur du fond au milieu 0,70, traitement au goudron

de bois 58,00 Marks

2 avirons à 2 M pièce 4,00 Marks

1 gouvernail 2,00 Marks

garnitures pour les avirons et

le gouvernail 4,50 Marks

4 banquettes à 25 Pfennigs pièce.... 1,00 Marks

1 écope 0,50 Marks

1 chaîne de 3 m de long 3,00 Marks

(1910) Total 73,00 Marks

un bateau de joutes.

Longueur 9 m, entièrement en bois de pin, 2 paires de courbes, largeur du fond au milieu 0,70, hau­teur des cotés à l'intérieur 0,35, plate-forme de 1,20 de long : 50 Marks.

(1901, pour la Société Nautique 1887, Strasbourg).

Voici maintenant les prix de quelques accessoires ou réparations :

1 rame en sapin 2,00 Marks

1 rame ferrée en sapin 3,80 Marks

1 rame ferrée en chêne '. 5,00 Marks

Drague à vapeur et « Kiesnachen » de l'entreprise Wittenburg.

1 aviron en pin 2,00 Marks

1 perche à pousser ferrée 4,00 Marks

1 gaffe 4,00 Marks

1 écope 0,50 Marks

1 vivier flottant dit « Fleschüf » 7,20 Marks

1 fond neuf pour une barque de pêche 20,00 Marks

1 demi-fond neuf pour une barque de pêche 13,00 Marks

D'autres informations permettent de se faire une idée de l'activité du calfat et montrent que ce der­nier ne chomait pas. Au cours de l'année 1901, par exemple, il a construit 81 bateaux, à savoir :

49 barques de pêche.

7  bachots. 18 « Dreibords »

2 « Kranzdreibords » « Nachen » barques à avirons

1  bateau de joutes nautiques.

A cela il faut ajouter les réparations plus ou moins importantes effectuées à 31 embarcations. Si le remplacement du fond d'une barque de pêche pou­vait se faire en une demi-journée, les réparations d'un « Nachen » demandaient généralement trois à quatre jours de travail. Pour la main d'oeuvre, Fassel comptait 4 Marks la journée de 8 heures.

Le calfat mettait en moyenne deux jours pour construire une barque de pêche ou un bachot, deux jours également pour une barque à avirons ou un bateau de joutes, trois jours pour un « Dreibord », quatre jours pour un « Kranzdreibord », trois à qua­tre semaines pour un « Nachen ».

Une fois la construction d'un bateau terminée, le calfat prévenait le client pour qu'il vienne le cher­cher. Si celui-ci habitait une localité voisine, il n'y avait pas de problème. S'il s'agissait d'une nacelle commandée par un pêcheur de la Wantzenau ou de la Robertsau, le calfat prenait souvent la peine de la conduire lui-même à Strasbourg, en descendant le Rhin. Si le heu était plus éloigné, il menait la bar­que jusqu'au canal du Rhone au Rhin à Krafft, où l'éclusier se chargeait de la faire acheminer par une péniche de passage ; en hiver, toutefois, ce mode d'expédition devenait aléatoire à cause du risque de gel du canal. Pour d'autres destinations, il fallait recourir au transport par un voiturier ou par le train, formule évidemment bien plus onéreuse.

Il n'était pas rare que le calfat soit sollicité pour des travaux à l'extérieur. Ainsi, durant l'année 1889, il travaille 40 jours pour les Ponts et Chaussées au Rhin sous la direction de M. Oberlé, « Damm-Meister » à Gerstheim. En janvier-février 1887, il construit avec l'aide de son père et de son frère Alphonse quatre pontons à Strasbourg. Il livre le bois, soit 172 mètres carrés de planches de pin de 35 mm d'épaisseur à 3,30 Marks le mètre carré et 134 mètres carrés de planches de pin de 30 mm d'épaisseur à 2,60 Marks le mètre carré. En outre, il fournit roseaux, mousse et les différentes sortes de clous. Les travaux, qui s'échelonnent sur 5 semai­nes, s'élèvent à 1.452,30 Marks, tout compris.

Devis pour une barque de promenade entièrement en bois de pin, longue de 9 m environ, consolidée par plusieurs courbes et traverses en chêne.

Pour le fond et les côtés : 18,50 mètres de bois de pin de premier choix 46,80

Traverses en chêne 4,50

Plusieurs courbes en chêne 3,00

Clous et nailles 7,20

Roseaux et mousse 2,10

Siège arrière, 2 lattes et 4 banquettes. .2,30

Goudronnage   du   fond   à   l'intérieur   et   à l'extérieur 3,00

Peinture à l'huile des côtés à l'intérieur et à l'extérieur 10,00

Main d'œuvre 14,00 Marks

Chaîne, crochet et piton 1,50

Quatre avirons à 2,60 M pièce 10,40

Un gouvernail 1,85

Les ferrures pour avirons et gouvernail.5,80

Livraison à la gare d'Erstein 3,50

Total 115,95 Marks

Le «Jungengsverein» d'Erstein photographié sur deux «Nachen» (av. 1914).

L'ARTISANAT LE METIER LES TYPES DE BATEAUX LES FAMILLES LES LIVRES DE COMPTE CONCLUSION NOTES