Parmi les accessoires livrés par le calfat figurent les rames, les avirons, les perches et les écopes.
Les rames (« Rieme ») sont pourvues d'une poignée appelée « Kruckel » parce qu'elle rappelle la traverse d'une béquille. La rame ordinaire est faite en bois de sapin ou de chêne. La rame ferrée (« Stàchelrieme »), habituellement en chêne, permet de pousser la barque (« stàchle », « schàlte »).
Les avirons (« Làppe », « Schlagruder ») sont constitués par un manche et une « pelle » servant à prendre l'eau ; le manche se termine par le levier, partie au-dessus du point d'appui maintenu par un taquet qui est celle que le rameur actionne pour propulser l'embarcation. Les avirons sont ordinairement en sapin.
Les perches ferrées (« Stàchel ») servent à la fois à pousser et à diriger une embarcation. La longueur et la grosseur dépendent de l'importance du bateau. Elles sont faites en bois de frêne. Les perches utilisées sur les « Nachen » (« Schorstàng ») mesuraient 4 à 6 mètres de long ; elles étaient manœuvrées à l'aide d'un court cordage. Les pêcheurs avaient des perches ordinaires sans fer ; ils s'en servaient pour faire virer le bateau, après avoir jeté l'épervier.
La gaffe (« Hopfehoke », « Botshaken ») est une perche légère munie d'un croc et d'une pointe. Elle sert pour accrocher, accoster ou aborder.
Les écopes (« Schuepf ») sont taillées dans un bois tendre et non traumatisant, comme le saule ou le tilleul. Suivant la demande elles étaient livrées avec un manche long ou court.
Le calfat fabriquait aussi les réservoirs à poissons des pêcheurs. Ces viviers étaient de deux sortes :
les boutiques (« Fischkàschte », « Fischtroj »), grosses caisses en chêne percées de trous et immergées dans lesquelles on conservait le poisson vivant sur place. Le modèle le plus courant mesurait 1,60 m de long, 1 mètre de large et 0,75 m de haut. La paroi avait une épaisseur de 2 centimètres.
les réservoirs flottants (« Flèchof »), de forme allongée et effilée aux extrémités, étaient accrochés aux flancs de la barque de pêche dont il épousaient exactement la forme.
Rappelons enfin que les calfats confectionnaient les petites nacelles des balançoires de foire. En 1889 par exemple, celles-ci étaient vendues 20 francs pièce.
Les réparations
Le calfat ne construisait pas seulement des bateaux. Il consacrait une grande partie de son temps à faire des réparations telles que calfatage de fissures ou de crevasses, remplacement d'un fond, réfection d'une couture, et ainsi de suite.
Souvent on faisait appel à lui pour radouber des péniches et des pontons au Rhin. Alors l'artisan partait avec son cheval et sa charette en emportant les outils et le matériel nécessaires : planches et autres pièces de bois, roseaux, étoupe, etc. Lorsqu'il s'agissait de réparer de grosses avaries, le calfat était parfois obligé de s'absenter de son domicile durant deux ou trois semaines. Il demandait 5 francs pour une journée de travail.
Il reste encore beaucoup de choses à dire sur l'activité de nos calfats. Nous en reparlerons au chapitre qui apporte des renseignements complémentaires tirés d'anciens livres de comptes et de correspondance.
Parfois on se demande combien de temps peut bien servir un bateau de bois ?
La longévité d'une embarcation dépend avant tout de la compétence du constructeur. Naguère, un bateau sorti des mains d'un maître calfat était fait pour durer longtemps. Nous avons vu récemment trois barques de pêches fabriquées par Jules Andres tout de suite après la dernière guerre et qui sont encore en parfait état. Elles sont bien sûr entretenues.
Chaque fois quand l'artisan construisait un nouveau bateau, il y apportait le même soin et le même savoir-faire, comme s'il le réservait pour son propre usage. A la livraison, le constructeur insistait particulière- ment sur les soins à donner à l'embarcation pour le maintien en bon état. Voici les recommandations essentielles :
en été, par grosse chaleur, amarrer le bateau dans un coin ombragé ; sinon, verser un peu d'eau en son milieu et couvrir les levées ;
durant l'hiver, le mettre à l'abri dans un hangar ;
ne pas le malmener ; transporter par exemple des mètres cubes de sable ou de gravier sur une barque destinée à la pêche, risque de la détériorer rapidement ;
vérifier de temps à autre les coutures ;
faire tous les deux ans au moins un traitement au carbolineum ou au goudron de bois ;
enfin, ne pas oublier qu'une immobilisation prolongée est néfaste et favorise le dépérissement.
Tout en cherchant à vous satisfaire au mieux, le calfat souhaitait en retour que son travail soit apprécié à sa juste valeur, sans plus. Serviable et foncièrement honnête, il entretenait toujours de bonnes relations avec ses clients et ses concitoyens artisans.
De nos jours les rapports humains ne sont plus les mêmes. Refoulé par l'industrie moderne, l'artisan se sent de plus en plus isolé.
Autrefois les gens vivaient rapprochés les uns des autres, dans un climat de confiance et de tolérance réciproques. Ils communiquaient entre eux, pas seulement parce qu'ils en éprouvaient le besoin, mais par nécessité. Dans son livre sur les « métiers oubliés », John Seymour souligne ajuste titre l'interdépendance qui existait parmi les artisans ruraux. Chacun d'eux dépendait d'autres artisans pour exercer son propre métier. C'est ainsi que le calfat dépendait du scieur qui coupait le bois, du forgeron qui ferrait les rames et les perches, du tisserand qui fournissait l'étoupe, du cordier qui fabriquait les cordages, du cloutier qui forgeait les clous selon la forme et la dimension désirées, et ainsi de suite. Tous ces artisans interdépendants se connaissaient. Chacun pouvait aller chez son fournisseur et discuter avec lui de ce dont il avait exactement besoin. Cette interdépendance explique en grande partie la profonde solidarité qui régnait au sein de la communauté.
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