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PAR ROBERT WILL


   De toute l'histoire alsacienne, l'archéologie de l'abbaye d'Erstein était sans doute jusqu'ici rime des plus mal connue. Ce contraste avec la grande majorité de ses pareilles est dû essentiellement à un destin malheureux : l'ondée par l'impératrice sainte Irmengarde, épouse de Lothaire Ier vers 849, et placée sous le vocable de sainte Cécile, elle fut incendiée à plusieurs reprises, reconstruite en 1550 par Lucas Kuen de Strasbourg, pour être enfin détruite en 1818. avant même d'avoir attiré sérieusement l'attention des archéologues et des historiens.


   La petite étude sur la topographie monumentale d'Erstein, entreprise par H. Ginter  il y a une dizaine d'années, révèle à quel point nos connais­sances sont fragmentaires. Mais une recherche systématique de la docu­mentation ancienne restée inexploitée nous a fait découvrir plusieurs pièces d'archives en relation avec la reconstruction de 1550 et un plan à peine postérieur, qui permettent de recomposer une image plus nette, plus précise de l'architecture de la fameuse abbaye et, plus spécialement de celle de ses sanctuaires.                                                         

   Ayant constaté qu'aucune autre église érigée en Alsace à l'époque romane ne reproduit le plan trèfle, il est permis de déduire une influence extérieure et rappel à un maître d'œuvre du Rhin inférieur. Durant le moyen âge, des  relations artistiques ont certainement existé entre l'Alsace et Cologne, et comme précisément ce type de plan a été utilisé pour des églises monastiques, en particulier à Saint-Quirin de Neuss où l’une des absides  latérales s'appelle encore  aujourd'hui  « le chœur des  dames »,  le plan tréflé pouvait donc également convenir pour une église de chanoinesses nobles à Erstein.


   On ne possède pas de représentation de l'abbatiale d'Erstein qui soit antérieure à la reconstruction de 1550. Nous avons toutefois découvert une gravure d'une église présumée alsacienne, étonnamment semblable à l'édifice que nous avons reconstitué. Cette ressemblance est même troublante au point qu'il  s'avère nécessaire d'examiner si cette figure, en dépit du contexte, ne pourrait pas se rapporter à notre   abbaye. Il s'agit en l'occurrence d'une gravure extraite d'un livre d'héraldique  célèbre en son temps, le Fahnenbuch de J. Kœbel, paru à Francfort en 1545, mais dont les bois furent déjà composés vers 1530.     


   Le dessin de l'église à plan tréflé qui nous préoccupe est dominé par le porte-étendard de la ville de Benfeld, placé au premier rang. Le problème serait donc résolu. Mais précisément, il ne peut s'agir d'une vue de l'église de Benfeld, cette dernière était certainement différente. Basilique sans transept construite à l'époque gothique, elle était caractérisée surtout par sa massive tour occidentale. Si donc Benfeld est exclu, ne faudrait-il pas admettre qu'il s'agit d'un cliché de rechange composé primitivement pour les armoiries d'une autre ville. Parmi les cités du Rhin inférieur, où ce type d'église existait comme nous l'avons montré, c'est surtout Neuss qui pourrait entrer en ligne de compte.


    En effet, si on ne tient pas compte de l'absence d'un clocher occidental,  l'église de  la gravure correspond parfaitement à l'abbatiale Saint-Quirin de cette ville: galeries naines sur les absides, tourelles d'escaliers carrées et surtout, tour-chœur octogonale aux faces surmontées de gables. Mais l'écusson de Neuss fait défaut dans l'ouvrage de Kœbel et la gravure consacrée à Cologne, où ce type d'église était fréquent, montre un paysage de fond encore diffé­rent . Rien ne s'oppose donc à revenir à l'Alsace et à revendiquer la vue de l'église tréflée pour Erstein qui, tout comme Benfeld, était une ancienne ville épiscopale et d'ailleurs assez proche de Benfeld. Bien entendu, c'est sous toute réserve et à titre de simple hypothèse que nous voudrions verser cette image au dossier d'Erstein.

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