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PRESENTATION HISTORIQUE I HISTORIQUE II HISTORIQUE III ANNEXE
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L'année 1191 est une année charnière pour Erstein. L'empereur Barberousse n'avait plus donné la Basse-Alsace en fief depuis 1180. En 1190, il meurt lors d'une croisade. Son fils Henri lui succède, en 1191, il se rend à Rome pour le couron- nement. Parmi ses accompagnateurs se trouve l'Evêque de Strasbourg, Konrad. Lors du voyage, il donne à celui-ci le cou­vent d'Erstein avec tous ses biens, en demandant l'in­tercession pour les défunts de la famille impériale.

Ce don le débarrasse de bien des soucis, vu les désordres financiers du couvent, mais ce cadeau, n'étant pas légal, un an plus tard, le 4 mars 1192, l'em­pereur Henri VI reprend le couvent à l'Evêque en expliquant qu'il n'est pas autorisé à donner un bien d'Empire sans bénéfices ou avantages pour celui-ci. Cet acte est frappé d'une amende de 1 000 Marks argent, payables par moitié par l'Evêque, l'autre par le fisc impérial.

La même année Sigbert von Frankenburg obtient en fief la Basse-Alsace ; homme fortuné il paye l'amende et obtient également Erstein en fief.

Jusque là, la population appartenait en partie au couvent, l'autre était sous l'administration du bourg ; l'occasion était toute trouvée pour réunir le tout et de la donner au Landgraf. Erstein est érigé en ville avec droit de marché, justice, fortification et blason.

Vers 1196. l'empereur Henri VI confère le Landgraviat à Sigbert de Werde. Pendant plus d'un siècle, la juridiction d'Erstein restera entre les mains de cette famille.

Sigbert de Werde fait renforcer les fortifications existantes et le vieux château impérial, la "Pfalz", est probablement restauré.

A Sigbert de Werde succède son fils Heinrich (1227-1238),  puis  le  fils de celui-ci,  Heinrich-Sigisbert (1238-1280).


A cette époque, Erstein est déjà très fortifié et impressionne les Strasbourgeois, d'autant plus que le Landgraf est en parenté avec Walter von Geroldseck, leur évêque, avec lequel ils sont sur pied de guerre. A plusieurs reprises, Heinrich-Sigisbert rassure les Strasbourgeois.

En 1278, Johann succède à son frère. Il a de grands projets. Les fortifications renforcées au siècle précé­dent lui paraissent vulnérables.

Il fait creuser un fossé, alimenté à partir de la Steinsau ; celui-ci longe l'actuel "Dorf" pour rejoindre l'enceinte de la ville.

De l'angle N/O de l'ancien fossé, il fait creuser une partie qui longe le futur "Niederhein" et qui rejoint l'Ill par le Schwallgra- ben (Wallgraben).

Lors de ces gigantesques travaux, le lit de l'ancien fossé est approfondi, les murs renforcés et la "Pfalz" appelée désormais "Kirschburg", englobée dans l'en­ceinte.

Trois portes : l'Ober-, le Nieder- et le Kirschburgertor permettent l'accès à la ville.

      Les quartiers « Dorf » et "Niederhein". aujourd'hui le "Niedere Flacke". étaient à l'extérieur des murs. Lors des travaux, un bras de l'Ill, le "Mühlgraben", qui passe tout près du couvent, est élargi et les deux mou­lins, dont les bâtiments, maintes fois modifiés, exis­tent encore de nos jours : "la Mittel et la Niedermuhle" sont certainement construits à cette occasion : elles appartiennent au Landgraf en 1281.

Johann semble avoir été en conflit avec le couvent lors de son grand chantier, car l'empereur l'oblige à faire pénitence en offrant un autel avec "prébende" au couvent.

En 1291, Erstein est une solide forteresse et le comte renouvelle les privilèges à la ville.


ERSTEIN, VILLE FORTIFIÉE

28 mars 1303


      Nous, Sigmund, fils de Johannes, Landgraf d'Alsace, et
Adelheid, fille du seigneur de Blanckenberg, son épouse légitime, font savoir à tous ceux, ayant lu ou entendu lire cette lettre, que nous avons juré devant Dieu, à nos bourgeois d'Erstein :

1.  De ne pas exiger le paiement de plus d'une livre par citoyen et par an, entre le jour de l'Assomption (15.08) et la Nativité de Notre-Dame (08.09).

2.  De ne traduire quelqu'un en justice, sauf par la voie légale.

3. De protéger, dans la ville, quiconque se trouve sous la dépendance d'un évêque, d'un couvent ou d'un hospice, à moins qu'il soit en désaccord avec son suzerain auquel cas, il devra s'entendre avec lui en l'espace de huit jours, sinon, ni le damoi- seau, ni la ville ne s'occuperont de lui.

4.  Si un homme libre (qui n'est ni serf, ni dépen­dant du damoiseau) veut quitter la ville, il peut le faire à condition d'avoir versé préalablement 1 livre à la ville.

Les bourgeois de leur côté jurent :

1. Quiconque tue quelqu'un est livré corps et bien à la justice du Gentilhomme et de sa femme.

2. Quiconque frappe quelqu'un jusqu'au sang, paie en guise de pénitence 5 livres au Seigneur et à sa femme, autant au Schultheiss et 2 Schilling au plai­gnant (donc à la victime).

3.  La blessure est-elle légère, l'amende est de 30 Schilling à payer au Seigneur et à sa femme, autant au Schultheiss et la ville.

4.  Quiconque poursuit quelqu'un, une arme à la main, paie une amende au Schultheiss.

5. Quiconque agresse autrui, paie au Schultheiss 30 Schilling, pour une injure 5 Schilling.

6. Quiconque est convoqué comme témoin, et ne se présente pas. après la 3e convocation, paiera à celui au bénéfice duquel il devait témoigner, une indemnité.

7. Tous les bourgeois, pauvres ou riches, déclarent solen- nellement prendre en charge, comme milice communale, la défense de la ville.

8. Quiconque pousse à l'insubordination contre la ville, sera dénoncé au damoiseau et les rebelles expulsés de la cité.

9. Un "prévôt ou vassal" (dépendant d'un seigneur, appar- tenant au clergé ou non) ne sera admis comme bourgeois qu'avec l'accord du seigneur et de sa femme.

10.  Les bourgeois se tiennent corps et biens à la disposition du seigneur et de sa femme en cas de besoin.

A remarquer qu'Adélaïde de Blanckenberg est tou­jours mentionnée à côté de son époux et qu'elle jouit des mornes droits, ce qui laisse supposer qu'elle gar­derait, en cas de décès du gentilhomme, jusqu'à sa propre mort, les bénéfices de la ville.

Signataires de la Charte :

• Sigismund von Werd

• Adelheit von Blankenberg, épouse von Werd

• Friderich von Lichtenberg, évêque de Strasbourg

• Johannes von Lichtenberg, prévôt d'Alsace

• Heinrich von Blankenberg (Blâmont)

• Johannes von Werd, Landgrave d'Alsace  

• Walther von Gerolseck

• Anselm von Rappolstein (Ribeauvillé)      

• Friederich von der Dick    

•  Sceau de la Ville d'Erstein

(description des sceaux, page "annexe")

TRADUCTION DE LA CHARTE

Fils du Landgraf Johann, Sigismund épouse, vers 1300, Adelheid von Blankenberg (Blâmont). Le jeune couple s'installe à la "Kirschburg". Sigismund, damoiseau d'Erstein, reçoit de son père les bénéfices du fief d'Erstein.

En 1303, il confirme la célèbre char­te des bourgeois d'Erstein. Garantie par la signature des plus grands seigneurs d'Alsace, cette charte régle­ra pendant plus de deux siècles, malgré bien des ava­tars, la vie de notre cité.

Sigismund meurt en 1308, la même année que son père, le Landgraf Johann. La veuve Adélaïde s'occu­pe tout d'abord de l'éducation de leur fille Agnès et se retire ensuite au couvent des Clarisses à Strasbourg, après avoir donné sa fille en mariage au comte Johann von Habsburg-Lauffenburg. Johann et Agnès rachètent  les  bénéfices de  la ville pour 1100 Marks d'argent pour les revendre en 1321 à Ulrich de Werde (oncle de Sigismund), le nouveau Landgraf, pour 1 160 Marks d'argent.

Le comte Johann et Agnès, son épouse, délient les Ersteinois de leur serment de fidélité mais leur demandent de reporter "foi et obéissance" à leur nouveau seigneur, qui hérite pour lui et ses successeurs tous les droits qu'eux-mêmes possédaient à Erstein.

"Wir Symundt, Landgraffen Johannes Sun zue Elsass, und Adelheid des Herrn Tochter von Blanckenberg, sein Eheliche Wirtin, tintai kundt allen den, die diessen brieff gesehent oder gehörent lesen, dass wir geschworen hant uff den Heiligen unseren Burgern von Erstein, dass wir ihr(-er) kennen nim- mer höher gebietent sollent, donne umb ein Pfundt Pfennige, die geng und gebe sint zue Strassburg, afin miser eigen Lente. Dieselbe Bette sollent wir nehtnen zwischen den zwei Messen unser Frawen zu einem Mal in dem Jar.

Wir liant auch mit demselben Aydte gelobt, dass wir Niemandt sollent fahen, noch heissenfahen in der Stadt zue Ehrstein, es en seye demi mit rechtem Gerichte...

(Extrait de la charte en allemand médiéval)

SIGISMUND DE WERDE

Photo de l'original de la Charte de 1303. (L'original se trouve aux Archives de la Ville d'Erstein). Cette charte a été continuellement confirmée par les différents seigneurs d'Erstein jusqu'en 1479 (20 parchemins en allemand avec sigillés). Archives de la ville d'Erstein.