© 2013

HISTORIQUE

Le centre de l'actuelle cité d'Erstein s'est construit autour d'une abbaye éri­gée dans la seconde moitié du IX ème siècle par Irmengarde, l'épouse de Lothaire I. L'histoire d'Erstein est donc liée à celle du couvent et la ville est restée jusqu'au siècle dernier un bastion catholique.


En 1850 il n'y avait pas de protestants à Erstein, en 1855, 3 ou 4 familles. A Osthouse, qui appar­tenait à la famille Zorn de Bulach l'histoire fut différente. Sébastien Zorn de Bulach ayant suivi le mouvement réformiste à partir de 1576, le village devint protestant par la force des choses. Son successeur ayant repris la religion catholique, le village l'a suivi. Certaines familles restèrent fidèles à la réforme : elles furent rattachées à la paroisse de Gerstheim. Avec le temps, la plupart d'entre elles rejoignirent les villages protestants des alentours et Osthouse ne compta plus, en 1879, que deux familles protestantes.


En 1853, s'établit à Erstein une filature de laine peignée : Nifenecker-Henri Schlumberger qui se transforma en société en commandite : Richard Hartmann et Cie dès 1861. Cette création attira le monde ouvrier venu de villages protestants comme Sundhouse, Mutters- holtz, etc. : ainsi on compta bientôt 70 âmes protestantes à Erstein.


En 1861 les protestants d'Erstein, un assez grand nombre de ceux d'Osthouse et de Krafft, se rendaient au culte à Gerstheim. C'est là qu'ils faisaient baptiser leurs enfants et, sauf ceux d'Osthouse, y enterraient leurs morts. Il est aisé de se représenter que ces trajets qui se faisaient le plus souvent à pied étaient pénibles, d'autant plus qu'entre Osthouse et Gerst­heim n'existaient alors que des chemins forestiers facilement inondés. Il faut aussi com­prendre que l'attachement à leur religion et à leur église et donc la présence au culte du dimanche, constituaient pour ces gens, en général d'un milieu modeste, la seule attache et le seul soutien.


Après leur semaine de six jours à raison de 10 heures de travail, ils tenaient à réserver leur dimanche a Dieu. Il se faisait donc sentir la nécessité de créer une paroisse plus centrée et ceci ne pouvait se faire qu'à Erstein. En juillet 1861 le pasteur Pfitzenmayer fit la première deman- de pour pouvoir célébrer un culte par quinzaine. Il convient d'ajouter que les propriétaires des usines soutenaient en général les causes religieuses, et en Alsace en particulier.


Un événement précipita les choses : en juin 1861 un enfant de l'un des directeurs de la filature décéda et, comme il n'y avait pas de cimetière, il fallut l'enterrer à Gerstheim. Le Maire d'Erstein dénombra les protestants et promit, sans doute à contre-coeur, l'ouverture d'un cimetière. La réticence des Ersteinois était compréhensible, car ouvrir un lieu d'enter­rement équivalait à la reconnaissance de la jeune communauté qui ne tarderait pas à deman­der une église, ce qui entraînerait forcément des frais supplémentaires pour la Ville.


Néanmoins, le nouveau cimetière, contigu au cimetière catholique (séparé de celui-ci par un mur) fut inauguré. A cette occasion la dépouille mortelle de l'enfant, revenue de Gerstheim , est confiée à la terre ersteinoise le dimanche 24 novembre 1861.


Etaient présents pour l'inauguration, les notables de la ville et une grande foule de curieux, ainsi que la petite paroisse protestante. Le pasteur Heidt de Gerstheim présidait la cérémo- nie. Commençant par une prière avec sa forte voix, il sut bientôt faire taire les murmures hostiles de ceux qui se tenaient à l'extérieur.


Il définit ensuite le cimetière comme un lieu de repos, de paix, dans l'attente de la résurrection des morts. Continuant à témoi­gner de Jésus, enfant de la Vierge Marie, il récita la confession de foi et tout l'entourage, devenu silencieux, remarqua que les protestants n'étaient pas des hérétiques, mais des chré­tiens. En conclusion, on pourrait dire, que le pasteur Heidt, par son autorité et sa foi inflexi­ble, a fait admettre les protestants à Erstein.