LES COURS D’EAU DE LA RÉGION

L’ILL

Principale rivière d’Alsace, l'Ill traverse la plaine du sud au nord pour rejoindre le Rhin en aval de Strasbourg. Elle prend sa source au Glasberg, dans les collines jurassiennes, près de la frontière suisse, traverse le Sundgau pour entrer dans la plaine à Mulhouse et son cours est quelque peu parallèle au Rhin. Elle se jette dans ce fleuve après un parcours de 207 km. Erstein est situé à environ 164 km du lieu d’origine.

L’Ill recueille toutes les eaux des pentes nord du Jura et celles de la pente est de la chaîne des Vosges. Les affluents les plus importants sur la rive gauche sont, de l’amont vers l’aval, la Largue, la Doller, la Thur, la Lauch, la Fecht, le Giessen, l’Andlau, l’Ehn et la Bruche immédiatement en amont de Strasbourg. Sur la rive droite, elle reçoit quelques petits ruisseaux d’origine phréatique qui ne modifient guère son débit.

De la source jusqu’à Mulhouse, l’Ill a le caractère d’un torrent avec une pente assez forte. Mais après avoir quitté les collines du Sundgau, elle prend l’allure d’une rivière de plaine et trace ses méandres parallèlement au Rhin jusqu’à Strasbourg.

Entre Mulhouse et Colmar où l’Ill n’est pas domaniale, une grande partie de ses eaux est déviée dans les canaux des usines et du système d’irrigation. L’ensemble de ce réseau est installé sur les alluvions rhénans perméables dont la nappe phréatique s’est affaissée en fonction de l’enfoncement du niveau de base rhénan qui a débuté il y a 10000 ans pour devenir intense après la régularisation du Rhin. Ainsi les eaux de l’Ill se perdent dans les cailloutis rhénans et alimentent la nappe phréatique qui resurgit dans les Rieds. De ce fait en étiage, le lit de l’Ill est pratiquement à sec entre Réguisheim et Colmar.

C’est à Colmar, au Ladhof, que la plupart des dérivations situées en amont rejoignent l’Ill dont le débit devient alors permanent. Du pont du Ladhof au confluent avec le Rhin, l’aménagement et l’entretien de son cours, maintenant considéré comme navigable, sont pris en charge par le Génie Rural jusqu’à l’entrée sud de Strasbourg et par le Service de la Navigation dans la partie inférieure.Tout d’abord, on distingue sur une distance de 4 km un lit mineur appelé à recevoir les débits d’étiage et un lit majeur pour les débits de crues. Ce dernier est limité par des digues latérales dont les crêtes sont au-dessus du niveau des plus hautes eaux. Entre le lit mineur et les digues, il y a une bande de terrain d’environ 25 m de largeur sur chaque côté.

En aval de cette section régularisée et endiguée, l'Ill prend un aspect sauvage jusqu’en amont d’Illhaeusern. Son parcours est caractérisé par des rives très érodées, difficiles à entretenir à cause de l’absence de chemins d’accès pour amener les matériaux nécessaires. Aussi les terrains riverains sont-ils inondés lors des crues et le village d’Illhaeusern souffrait de ce fléau qui se reproduisait annuellement. Le confluent de l’Ill et de la Fecht, un de ses grands affluents de la rive gauche, contribuait pour beaucoup à ces inondations.

Pendant les années 1972-73, la Direction Départementale de l’Agriculture du Haut-Rhin a fait construire un canal des hautes eaux de la Fecht contournant l’agglomération à l’ouest. Cette réalisation a permis d’épargner au village d’Illhaeusern les inondations de rues, mais pas de supprimer la submersion des terres agricoles en aval du village.

A la sortie nord d’Illhaeusern, l’Ill se partage en deux, le bras principal se dirigeant vers Sélestat et le Bennwasser amenant une grande partie des eaux vers la forêt de l’Ill, propriété de la Ville de Sélestat, où elles sont “stockées” d’une façon naturelle. Cet immense réservoir de 2 à 3 km de largeur et d’une dizaine de kilomètres de longueur peut contenir jusqu’à 60 millions de m3 d’eau lors des grandes crues d’hiver. Ce “lac” se termine à Ebersmunster, village en aval de Sélestat, bien connu pour son église de style baroque.

D’Ebersmunster à Erstein, la zone d’inondation est beaucoup moins large et le bassin de rétention amont se vide progressivement, donnant aux crues un régime moins rapide.

D’importants travaux de rectification, de consolidation des berges, de régularisation par la construction d’ouvrages d’art ont été exécutés entre Illhaeusern et Strasbourg de 1885 à 1905. Le but essentiel était le maintien et l’amélioration des moulins implantés sur les dérivations appelées canaux du moulin. Chaque canal était alimenté par un barrage de retenue sur l’Ill afin de dériver vers le moulin le débit normal indispensable à la production de l’énergie nécessaire au fonctionnement des machines.

L’évolution technique des grandes minoteries a amené la fermeture de la plupart des moulins classiques ; à l’heure actuelle il n’en subsiste qu’un seul. Certaines chutes ont été munies de turbines pour la production d’énergie électrique, d’autres ont été abandonnées, l’une a été aménagée en entreprise piscicole. La construction des grandes centrales électriques du Rhin a eu pour conséquence l’abandon des petites centrales sur l'Ill sauf celles situées entre Erstein et Strasbourg.

Les barrages de retenue avaient aussi un rôle agricole à jouer. La vallée de l'Ill était constituée de prairies irrigables avec les eaux de la rivière ; en années sèches, on pratiquait une irrigation de printemps en avril et une irrigation d’été en juillet. Les propriétaires des prairies ont créé des syndicats d’irrigation ; il y en avait quinze entre Colmar et Erstein, couvrant une surface totale de 2 260 ha.

En cas de besoin, toute l’étendue comprise dans le périmètre irrigable était submergée pendant 2 à 3 jours. Un système de fossés munis de vannes permettait de régler le débit à admettre et le ressuyage des prés à la fin de l’opération. Lors d’étiages très prononcés il fallait même établir un plan des irrigations afin de ne pas manquer d’eau en aval.

Vers la fin des années 1950, la pratique des irrigations a commencé à diminuer ; le tracteur ayant remplacé le cheval, les besoins en fourrage ont été en régression constante. De plus, la pollution croissante des eaux de l'Ill les rendait impropres à l’irrigation. Beaucoup de prés ont été labourés, les syndicats furent dissous l’un après l’autre de sorte qu’en 1978, il y en avait encore trois qui fonctionnaient d’une manière épisodique.

L’Ill arrive donc à Erstein avec un bassin versant de 3 120 km2, un débit d’étiage minimum de 6,500 m3 (en 1976) à la seconde et un débit de crue exceptionnel de l’ordre de 600 m3 à la seconde (janvier 1955).

De régime atlantique, l’ill et ses affluents ont leurs crues entre les mois de novembre et avril ; il est très rare de voir une crue fin avril ou début mai (1969, exceptionnellement). Le bassin versant très allongé est caractéristique pour l’écoulement des hautes eaux. Les rivières vosgiennes, courtes mais à fortes pentes, déversent leurs eaux très rapidement dans l'Ill et l’on observe le phénomène suivant : ces débits échelonnés sur une grande longueur s’écoulent un à un sans s’ajouter. Il arrive toutefois qu’au moment des fontes des neiges rapides provoquées par les “foehns”, les débits de certains torrents se cumulent et provoquent ce qu’on appelle une “crue exceptionnelle”.

Le régime hydraulique de l'Ill entre Erstein et Strasbourg avant la construction du canal de décharge appelle quelques observations complémentaires.

En effet, un peu en amont de la ville d’Erstein, un bras dit Krafft partait de la rivière pour se diriger vers le Rhin. Lors du siège de Strasbourg, en 1393, ce bras a été aménagé pour dévier les eaux de l'Ill vers le Rhin afin de mettre à sec les moulins situés à l’intérieur de la ville de Strasbourg. Il était formé par la réunion artificielle de certains bras de l’ill en amont du hameau de Krafft et, à 5 km en aval, traversait la digue des hautes eaux du Rhin pour se diriger par la Krafft inférieure dans le Rhin, à environ 10 km en amont de Strasbourg. Immédiatement en amont de la digue du Rhin, la Krafft alimentait un réseau de canaux (appelés “Rhin Tortu”) qui, au passage, fournissaient l’énergie à des moulins pour réunir leurs eaux avec celles de l'Ill à l’entrée sud de Strasbourg. Toutes ces dérivations étaient réglées par des barrages à poutrelles.

Le bras de Krafft avait une capacité d’évacuation de l’ordre de 90 m3/seconde vers le Rhin, le restant du débit de crue, connu à l’époque et évalué à environ 240 à 250 m3/seconde, était dirigé sur Strasbourg. Grossi par l’Andlau, par l’Ehn et, surtout, par les eaux de la Bruche, ce débit était de l’ordre de 400 m3/seconde à l’entrée de la ville. Les deux canaux à l’intérieur de la ville de Strasbourg n’étaient pas calibrés pour évacuer cette masse d’eau.

Il y avait débordement et certaines rues étaient à 1 m sous eau sans parler des inondations de caves, voire même de rez-de-chaussée. L’extension de la ville, sa modernisation et l’urbanisation des faubourgs sud étaient compromises. A l’entrée sud de Strasbourg, des terrains d’environ 350 ha de surface étaient impropres à la construction d’immeubles ou à l’implantation d’industries.

Cette situation néfaste se présentait dans toutes les communes situées en aval d’Erstein et toutes les extensions actuelles auraient été impossibles sans le détournement des crues de l’Ill vers le Rhin. Erstein en particulier était exposée aux inondations qui couvraient de leurs eaux les lieux-dits Bleiche, Vordermatt, Bruhly. Même l’emplacement de la Filature était inondé et, par grandes crues, les eaux s’étendaient vers l’emplacement actuel du bureau des Postes. Il n’y avait donc aucune extension possible sur la rive droite de l’Ill.

Avant de parler du canal de décharge des hautes eaux, il y a lieu de s’attarder un peu plus sur tous les cours d’eau dépendant de l’Ill à travers Erstein et de suivre leur évolution après les travaux de régularisation entre 1890 et 1905 et entre les années 1935 et 1975.

INSTALLATION DE DÉRIVATION DES CRUES EN AMONT D’ERSTEIN

Après la mise en service des installations de dérivation des crues en amont d’Erstein, le régime de l’Ill dans le secteur de la ville a complètement changé.

Il s’est avéré que de nombreuses dérivations de l’Ill étaient sans utilité et l’Administration des Améliorations agricoles a étudié un projet général d’aménagement entre le barrage de Steinsau et le pont de bois (“Holzbrücke”) à la sortie nord d’Erstein. Les deux principaux barrages, celui dit Grossdich et celui du Bruhly, ont été construits dans leur forme actuelle ; le lit de l’Ill a été rectifié et consolidé dans le tracé que nous lui connaissons. La plupart des méandres et faux bras ont été comblés sauf la Vieille l'Ill, devenue une frayère pour les poissons.

Les six moulins d’Erstein, Krafftmühle, Mittelmühle, Oelmühle, Niedermühle, Grabenmühle et Lohmühle ont gardé les canaux d’amenée et de fuite. L’ensemble de ces cours d’eau et canaux avait une longueur totale de 10,600 km et de 14,950 km avec l’Ill. Un à un, les moulins ont été abandonnés ou transformés en centrales électriques. On a vu la disparition de la Krafftmühle, de la Niedermühle et de la Lohmühle. Le moulin Grabenmühle a été transformé en scierie qui fonctionnait jusqu’à la fin des années 1950. La Oelmühle, rachetée par la Ville d’Erstein, a été démolie et la chute a été aménagée pour la construction de la centrale hydro-électrique des Usines Municipales d’Erstein au début du siècle.

Une grande partie des canaux de moulins est devenue inutile et présentait des eaux stagnantes qui, avec l’apparition des pollutions, émettaient de mauvaises odeurs. L’Administration du Service du Génie Rural a alors décidé, en accord avec la Ville, de les combler au fur et à mesure des travaux de modernisation de la cité entrepris par la municipalité.

A partir de 1935, le remblaiement a commencé par le canal d’amenée de la Niedermühle, cours d’eau qui passait devant la Maison des Œuvres, puis une partie du canal de fuite de la Mittelmühle (bras gauche) et, partiellement, le canal de fuite de la Niedermühle. Les terrains gagnés ont été vendus à la Ville.

Dans une phase plus récente et pour pouvoir achever le réseau du tout-à-l’égout, les cours d’eau suivants ont été comblés et vendus à la Ville : le fossé de la ville sur toute sa longueur et le canal de fuite de la Niedermühle jusqu’à l’Ill, en amont de l’actuel pont de la Dordogne. La longueur totale des dérivations de l'Ill est tombée de 10,600 km à 6,800 km. Il y a lieu d’ajouter que le Mittelholzwasser et le Jungholtz, longs de 2,500 km, n’ont pas été touchés par les opérations d’urbanisation entrepris par la Ville et séparent toujours la forêt dite Krittwald de la zone d’aménagement du Bruhly. Le Kohlmattgraben et le Wolfswasser n’ont pas été modifiés eux non plus.

Le Murgiessen, aménagé et rectifié avec la construction du canal de décharge, ramène les eaux du Wolfswasser vers l’Ill, mais son but essentiel est d’établir la liaison entre le canal de décharge et l’Ill pour la navigation commerciale qui, en 1978, se limitait à l’approvisionnement en charbon de la Filature, le transport des matériaux de construction (ciment, briques, tuiles) ayant été abandonné avec le développement des transports routiers.

Le CANAL DE DÉCHARGE

Le canal de décharge des hautes eaux de l'Ill est le cours d’eau vital pour la Ville d’Erstein et les communes situées en aval.

Seul dans son genre pour l’Est de la France, il est la pièce maîtresse des installations de dérivation des crues en amont d’Erstein.

LE PROJET

La crue exceptionnelle de décembre 1882 et les dégâts causés par les inondations à l’intérieur de la ville de Strasbourg ont accéléré d’une façon importante l’idée de la construction d’un canal appelé à dériver les crues de l’Ill vers le Rhin et les études ont été entreprises les années suivantes.

Pourquoi a-t-on choisi Erstein pour la construction de cet important ensemble hydraulique ? L’idée de base était de couper la plaine inondée en amont d’Erstein par une digue et de rejeter les eaux de crue dans le Rhin. Il y a trois raisons qui ont motivé ce choix :

- la terrasse de loess surélevée située à l’ouest de l'Ill s’avance jusqu’à environ 200 m de la rivière en amont de la ville :

Des nivellements ont confirmé que la différence de niveau entre la crue de l’Ill et celle du Rhin variait entre 4,80 m et 5,40 m.

La description du canal d’alimentation de l'Ill, réalisé après le canal de décharge, montrera qu’il était plus facile d’amener des eaux du Rhin vers l’Ill en aval d’Erstein que de faire le contraire.

Lors de l’étude, on a insisté pour que le service gestionnaire soit absolument maître dans la répartition des eaux et qu’il fallait concevoir les ouvrages en ce sens. Le projet devait donc comprendre deux parties :

La première phase, la rectification de l’Ill, entre le barrage dit “Boerschey” et celui de la Steinsau, comportait le calibrage de l’Ill à 50 m de largeur, la construction de la digue insubmersible rive droite entre les deux barrages, la construction du barrage de la Steinsau et l’aménagement de la digue rive gauche de l’Ill jusqu’à la terrasse de loess citée plus haut.

Le barrage de fermeture ou régulateur de débit à admettre dans l’Ill vers Erstein comporte une grande ouverture destinée au passage des engins flottants de grandes dimensions (drague par exemple), quatre ouvertures fermées par un double vannage et une échelle à poissons permettant la migration des poissons.

La partie gauche de l’ouvrage, qui alimente le canal de la Krafftmühle, est équipée de deux vannes doubles et d’une petite écluse (passe-nacelles) pour la navigation de pêche. L’ouverture totale entre les culées est de 49,80 m. Les débits à admettre dans l’Ill et dans le canal du moulin sont rigoureusement contrôlables afin d’éviter toute inondation de la ville d’Erstein et des communes situées en aval.

Il est intéressant de rappeler que lors des hostilités 1914-18 les quatre passes sur l’Ill ont été détruites sur ordre du commandant de la place forte de Strasbourg. Par la suite, une digue provisoire en moellons d’enrochement fermait l’Ill afin de limiter le débit dirigé vers Erstein. L’ouvrage identique a été reconstruit en 1919- 1920.

Lors des combats de janvier 1945 sur l’Ill et le canal de décharge, les deux passes du Mühlbach ont été détruites et reconstruites aux mêmes dimensions fin 1945 début 1946.

SA CONSTRUCTION ET SON RÔLE

Le canal de décharge emprunte la vallée de l’ancienne Krafft. Son lit a été creusé à une profondeur variant entre 1,80 et 2,00 m, avec une largeur au plafond du lit mineur variant de 26 à 40 m selon la pente du lit qui est de l’ordre de 8/10 000e à 4/10 000e de l’amont vers l’aval.

Entre la rive gauche (ouest) et la digue insubmersible il y a un contre-talus de 10 à 16 m de largeur formant le lit majeur. Le couronnement de la digue a 3 m de largeur et est à environ 0,80 m au-dessus du niveau des plus hautes eaux. Cet ouvrage en remblai a été construit avec les matériaux trouvés sur place lors de l’excavation du lit du canal. Il arrive donc qu’il y ait des endroits plus ou moins perméables surtout en aval du hameau de Krafft. Un peu en amont du château de la Thumenau, la digue rejoint l’ancienne digue de Krafft qui a été renforcée jusqu’à la digue principale du Rhin à Plobsheim.

La longueur totale du canal est de 8,5 km et comporte trois ouvrages d’art importants : le barrage de Boerschey à la tête du canal, le barrage à aiguilles de Krafft, en aval du croisement avec le canal du Rhône au Rhin, et le barrage de Plobsheim, dans la digue principale du Rhin. Chacun de ces ouvrages a un rôle précis à remplir.

Le barrage de Boerschey comporte sept ouvertures de 5 m de largeur chacune. Elle sont fermées par des vannes métalliques manœuvrables par des crics et des crémaillères commandés manuel- lement. Elles règlent le débit à admettre dans le canal de décharge et sont grandes ouvertes lors des hautes eaux. Dans les années 1970, l’ouvrage était en l’état initial. L’ouverture entre culées est de 42,20 m. Néanmoins, l’Administration a fait procéder à un renforcement en 1960 par des injections de lait de ciment à haute pression. L’aval du radier est protégé par un important enrochement en granit.

Le barrage à aiguilles de Krafft, implanté en aval du croisement avec le canal du Rhône au Rhin, a pour mission de garantir la retenue nécessaire à la navigation commerciale sur cette liaison Rhin-Rhône. L’ouverture de 40 m entre culées est fermée par des fermettes métalliques rabattables latéralement. Un rideau “d’aiguilles” (bois de 2,20 m de long et 7/7 cm de section) prenant appui sur les fermettes et les fers de liaison ferme le canal pour retenir l’eau au niveau nécessaire à la navigation.

Pourquoi un barrage à aiguilles ? C’est une installation mobile dont la partie entre culées peut s’effacer complètement lors des grandes crues. On enlève les aiguilles au fur et à mesure de l’augmentation du débit et lorsque tous les bois sont retirés on couche les fermettes sur le radier en maçonnerie. L’évacuation des corps flottants se fait plus facilement. Dès que le barrage est couché, la navigation sur le canal du Rhône au Rhin est arrêtée. Au moment de la décrue on procède de la façon inverse pour rétablir le barrage. En période de basses eaux, un passe-nacelles permet la navigation de pêche entre les deux biefs et une échelle à poissons la migration du poisson.

Le barrage de Plobsheim, le plus important ouvrage d’art du canal de décharge, crée la retenue dans le canal de décharge permettant l’alimentation du canal d’alimentation par l’ouvrage de la Thumenau, celle de l’Altrhein par l’ouvrage du même nom et celle du Mühlgiessen par un ouvrage de même nom.

Le barrage de Plobsheim a sept ouvertures de 4 m de largeur chacune, d’où le nom de sept écluses. Il est équipé de vannes métalliques à manœuvre manuelle, d’une passe-nacelle et d’une échelle à poissons. Les manœuvres de barrages sont assurées par des gardes barragistes logés à proximité des ouvrages et reliés entre eux par une ligne téléphonique spéciale.

Pour protéger le hameau de Krafft (partie sud) des inondations, la section entre le canal du Rhône au Rhin et le canal d’alimentation a été endiguée des deux côtés ; les crêtes des digues étaient espacées de 90 m. L’étranglement à 75 m, au pont de Krafft, constituait une entrave sérieuse à l’écoulement des crues. On verra plus loin les améliorations apportées à cette situation.

L’ensemble des travaux de construction du canal de décharge et des ouvrages annexes s’est échelonné sur les années 1886-1891. L’inauguration officielle a eu lieu le 25 avril 1891. Cette cérémonie a été matérialisée par l’érection d’une stèle en granit à la jonction du canal et du Murgiessen.

Les travaux ont été chiffrés à l’époque à 1 050 000 Marks. Cette somme importante a appelé les

participations suivantes :

SON ÉVOLUTION

Il ne faut pas penser que le canal de décharge est resté figé dans son état premier. Au courant des années il a subi des transformations dans le sens d’un meilleur écoulement des crues.

L’ensemble des ouvrages a été soumis à sa première épreuve sévère lors de la crue de décembre 1910. D’une ampleur exceptionnelle, cette crue a montré que le passage à travers la digue des hautes eaux au barrage de Plobsheim était trop petit et il y avait un remous dangereux dans le canal de décharge menaçant la stabilité de la digue de la rive gauche. Les habitants de Plobsheim avaient bien peur d’une rupture de cette digue et pour la décharger les ingénieurs responsables ont décidé d’ouvrir les vannes du barrage de Steinsau et d’envoyer 85 m3/seconde d’eau par l’Ill vers Strasbourg, solution qui n’arrangeait pas les choses pour les villages et villes riverains.

Dès la fin de la crue, des études furent lancées et, en 1912, la passe de décharge au barrage de Plobsheim fut exécutée. Elle consistait en un pont de 39,50 m d’ouverture dans la digue du Rhin dont le radier était calé à une cote de débordement déterminée. Ce pont avait la particularité d’être le premier ouvrage en béton armé de la région.

La crue de décembre 1919, un peu plus importante que celle de 1910, n’a pas posé de problèmes majeurs pour son écoulement vers le Rhin et le nouvel ouvrage de Plobsheim a donné pleine satisfaction. La troisième crue exceptionnelle, celle de janvier 1955, avec un débit de l’ordre de 580 m3/seconde dans le canal de décharge, a montré que les installations de dérivation d’Erstein nécessitaient des améliorations afin d’accroître leur capacité et leur sécurité. Divers travaux furent étudiés et réalisés en 1956 et 1957, à savoir :

L’ensemble de ces travaux a été financé par le ministère de l’Agriculture pour un montant total de 35 020 300,- F de l’époque.

En même temps, les Ponts et Chaussées ont fait procéder à la mise hors eau de la route Erstein-Sucreries entre le canal de décharge et cette usine. Le niveau de la chaussée a été calé au niveau des eaux de la crue de 1955. Pour ne pas faire de digue en travers du champ d’inondation, des passages hautes eaux ont été aménagés. Ces ponts supplémentaires ont trente ouvertures de 3 m. Ils fonctionnent dès que les prés riverains sont inondés.

SON ENTRETIEN ET SA GESTION

Tous ces ouvrages d’art, les digues et les berges ont nécessité et demandent encore des travaux d’entretien importants et une surveillance permanente lors des crues, frais souvent très substantiels. Aussi, le législateur, lors de la fixation des participations des intéressés aux frais d’entretien de l'Ill, du canal de décharge et autres, a repris l’idée initiale de faire payer les principaux bénéficiaires des avantages tirés de ces installations.

C’est ainsi que l’ordonnace du 30 avril 1906 sur l’entretien de l'Ill et de ses dépendances reprend dans ses articles 6 et 12 la participation des collectivités situées entre Erstein et Strasbourg à l’entretien des installations de dérivation des crues en amont d’Erstein

de la façon suivante :


Le montant annuel est variable suivant l’importance des travaux d’entretien effectués. Il y a lieu de rappeler que l’aménagement d’EDF et le bassin de compensation de Plobsheim ont fait diminuer d’une façon très importante les frais annuels. .

Le CANAL D’ALIMENTATION DE L’ILL

Après la mise en service du canal de décharge, une autre difficulté apparut aux responsables de la Ville de Strasbourg : le manque d’eau en période sèche. En effet, une quinzaine de m3 seulement traversait la capitale alsacienne et l’aspect esthétique ainsi que la situation sanitaire en souffraient beaucoup.

Pour remédier à ces inconvénients, le Service des Améliorations Agricoles de l’époque étudia la possibilité d’amener de l’eau du Rhin dans l’Ill en amont de Strasbourg. A la lumière des recherches effectuées, la région d’Erstein fut choisie pour l’aménagement du canal d’alimentation de Gerstheim.

Le devis de l’ensemble était arrêté au montant de 1 400 000 Marks, financé de la façon suivante :

Le canal devait amener à la seconde 20 m3 d’eau du Rhin dans l'Ill entre Erstein et Strasbourg et porter ainsi le débit d’étiage de l’Ill à 35 m3/seconde à l’entrée sud de la métropole alsacienne.

Les travaux furent entrepris en 1898 pour être achevés en 1902.

Le canal d’alimentation se composait à l’origine de trois sections différentes, pour une longueur totale de 12,070 km :

Les études faites permirent de savoir que la dénivellation totale entre le plan d’eau du Rhin et celui de l’Ill était de 3,63 m.

La branche amont traverse la forêt communale d’Erstein aux lieux-dits Pferrer et Sommerley.

Deux ouvrages d’art, le barrage de prise dans la digue des hautes eaux du Rhin et le barrage de prise de la Thumenau, équipés de vannes métalliques à levage mécanique, permettaient de régler les débits à admettre dans chaque tronçon. La branche amont recevait, sur sa rive gauche, le Brunnwasser et le Sendelgiessen à Gerstheim, la Lachter et la Zembs sur le territoire d’Erstein.

Les travaux d’aménagement du Rhin par EDF entre 1964 et 1971 ont modifié le rôle de la branche amont et supprimé le tronçon commun avec le canal de décharge de l’Ill. Le tracé de cette branche fut changé et, en 1978, celle-ci est l’émissaire du contre-canal de drainage du bief de Gerstheim. Elle n’amène que les eaux de la nappe phréatique de ce secteur pour les déverser dans le bassin de compensation de la chute de Strasbourg. Le débit du bief aval (environ 15 m3/ seconde) est pris dans le bassin et réglé par le barrage de la Thumenau. Le rôle initial du canal est donc maintenu et toutes ces modifications sont matérialisées par une convention signée entre l’Etat (ministère de l’Agriculture) et Electricité de France.

Le LANGGIESSEN

Pour être complet, il y a lieu de citer un petit cours d’eau qui traverse la forêt de Sommerley, le Langgiessen. Il a son origine sur le canal d’alimentation, à quelques centaines de mètres en amont du bassin de compensation, et est intercepté par le contre-canal de drainage rive droite du même bassin. A l’origine, ce cours d’eau se partageait en deux branches, l’une rejoignant le canal de décharge en amont de l’ancien barrage de Plobsheim, l’autre traversant la digue principale du Rhin pour rejoindre les vieux bras du Rhin. Au départ du canal d’alimentation et dans la digue du Rhin une petite écluse permettait le passage des bateaux de pêche et des bateaux transportant du bois de chauffage de la forêt communale vers Erstein en empruntant le canal de décharge et le Murgiessen pour rejoindre l'Ill. C’était un moyen de transport très utilisé au début du XXe siècle et, de plus, il était bon marché.

Cette possibilité a entraîné une activité artisanale florissante : la construction des bateaux à fond plat en bois de pin ou de sapin. Ces embarcations, longues de 8 à 10 mètres et de 1,0 à 1,10 mètres de largeur, étaient construites à Erstein et cette activité rayonnait vers l’amont et vers l’aval de la cité. Le dernier de ces artisans, M. Jules Andres, a cessé son activité vers les années 1960 ; le hangar où il assemblait les barques existe encore sur l’île en face de l’ancienne usine du Bruhly.

                                                                                                              Frédéric BISCHOFF

LES COURS D’EAU NON DOMANIAUX

Nous parlerons en premier des cours d’eau non domaniaux, les moins nombreux et les moins importants ; on les citera d’est en ouest du territoire d’Erstein. Ils sont pour la plupart d’origine phréatique, c’est-à-dire alimentés par des résurgences de la nappe souterraine très importante en moyenne Alsace.

La LACHTER

Elle traverse du sud au nord la plaine du Ried, depuis Sundhouse jusqu’à son débouché dans le canal d’alimentation de l’Ill, situé dans la forêt communale d’Erstein au lieu-dit Pfefferwald. Sur une longueur de 22 km, elle passe à la périphérie ouest du village de Boofzheim, traverse Obenheim et Gertsheim pour en trer dans le ban d’Erstein, sur les derniers kilomètres de son parcours. Le débit de la rivière varie entre 1,0 et 1,5 m3 à la seconde ; ses eaux sont de bonne qualité. Elle est sujette à des variations peu importantes de son niveau et les terres agricoles ne souffrent pas des inondations. Cette absence d’inondations est due, en grande partie, au bon entretien du cours d’eau. Ces travaux sont exécutés par un syndicat intercommunal d’assainissement créé en 1948 ; cette collectivité se substitue aux charges d’entretien des propriétaires riverains moyennant le paiement de cotisations à l’hectare, aux mètres linéaires de rives, d’une participation des propriétaires créant des retenues à des fins industrielles ou artisanales et des communes déversant des eaux usées dans les cours d’eau. La répartition de ces charges est réglée par un décret pris en Conseil d’Etat.

La ZEMBS

Rivière également d’origine phréatique, elle draine une vallée peu large appelée le Ried noir, constituée essentiellement de prés entre Hilsenheim et Erstein. Longue de 22,4 km, elle traverse les agglomérations de Rossfeld et Herbsheim, se partage en deux avant d’entrer dans le ban d’Erstein, une partie des eaux allant sur Gerstheim pour grossir la Lachter, l’autre partie passe à côté des Sucreries d’Erstein, longe le hameau de Krafft, annexe d’Erstein, et, après le passage en siphon sous le canal de décharge d’Erstein, rejoint le canal d’alimentation de l'Ill. Les eaux dirigées sur Gerstheim rejoignent directement le bassin du Rhin tandis que celles qui passent près de Krafft se déversent dans le bassin de l’Ill. Les eaux sont de bonne qualité dans la partie amont, tandis que dans la partie aval elles souffrent de la pollution industrielle. Cette dernière devrait se résorber dans un laps de temps assez court, l’industrie polluante ayant investi des capitaux importants pour l’épuration des eaux déversées.

Le débit varie de 400 litres/seconde en étiage à 3 000 litres/seconde en période de hautes eaux. Dans la partie amont, le bassin de la Zembs est voisin de celui de l’Ill et lors des crues de cette dernière, la nappe phréatique alimente d’une façon importante la Zembs par infiltration à travers les couches sablo-graveleuses.

L’entretien du cours d’eau est assuré par un syndicat intercommunal créé en 1949 sur les mêmes bases administratives que celui décrit plus haut.

Le SAUERBRUNNEN (*)

Affluent de la rive droite du canal de décharge, il prend sa source à la limite est de la forêt communale d’Erstein, dite Oberwald, draine les prés situés de part et d’autre de la route Erstein-Sucreries et rejoint le canal de décharge dans la forêt de Kinzwoog. D’une longueur de 2,2 km, avec un débit de 40 à 60 l/s en temps normal, ce ruisseau joue un rôle important en assurant le ressuyage des prés après les inondations de l’Ill.

Le BRONNWASSER

Il prend sa source sur le territoire de Matzenheim, au lieu-dit Allmend (propriété communale), et après un parcours de 4,5 km se jette dans le canal de décharge, à 200 m en aval, au point de départ de l’Ill. D’un débit de 200 à 300 l/s en temps normal, il draine la forêt dite Oberwald après les crues de l’Ill. Ses eaux sont d’une très bonne qualité et on peut y voir des truites.

La SCHEER

Enfin, à la périphérie ouest du ban d’Erstein, nous rencontrons la Scheer qui forme la limite intercommunale avec Limersheim sur une longueur de quelques centaines de mètres. Ses eaux viennent depuis les pentes est de Ungersberg, traversent tout un chapelet de communes : Kertzfeld, Westhouse, Uttenheim, Bolsenheim, Schaeffersheim, Limersheim, Hipsheim, Ichtratzheim pour rejoindre l’Andlau à Fegersheim. Son débit est presque nul en étiage, mais en cas de fortes pluies elle avait tendance à déborder, phénomène qui est pratiquement écarté par suite d’importants travaux de curage et de rectification réalisés les dernières années dans le cadre des travaux connexes au remembrement.

Les cours d’eau domaniaux sont de loin les plus importants dans le secteur d’Erstein.

a) Le service de la navigation rhénane assure la gestion du Rhin ainsi que celle du canal du Rhône au Rhin

Le RHIN

Le Rhin longe le territoire de la Ville d’Erstein sur 4 km et forme la frontière avec l’Allemagne. Pendant les XIXe et XXe siècles, le cours de ce fleuve à régime alpestre a subi d’importants aménagements pour, à la fois, protéger la plaine contre les inondations, améliorer les conditions de la navigation rhénane et exploiter la force hydro-électrique. C’est à partir de 1840 que le plan de l’ingénieur badois Von Tulla est appliqué pour la réalisation de travaux financés par les Etats riverains.

Le nouveau chenal ou lit mineur, qui coupe les méandres, a été limité par les digues de berges complétées par les digues des hautes eaux déjà existantes mais rehaussées lors des travaux qui se sont poursuivis pendant plusieurs décennies. Les bras morts du Rhin ont donc été enfermés dans le lit majeur compris entre les deux digues des hautes eaux délimitant ainsi une zone qui a servi de déversoir aux plus fortes crues annuelles lors des fontes des neiges dans les Alpes en juin et en juillet.

Comme les moyens de transport de l’époque ne permettaient pas d’acheminer les moellons d’enrochements en grandes quantités, les remblais en gravier étaient consolidés à l’aide de fascines, fagots de bois d’une longueur de 2,50 à 3,50 mètres, les bois les plus épais ayant un diamètre de 5 cm au maximum. Une fascine avait un diamètre de 25 à 30 cm. Toutes ces fascines étaient coupées dans les forêts du Rhin dont les essences, à l’époque, consistaient, en grande partie, en bois tendres à croissance rapide. Il ne faut pas oublier que ces forêts étaient inondées presque chaque année.

Les essais de navigation à vapeur ont commencé entre 1905 et 1910 et il était alors possible d’utiliser le Rhin comme voie navigable pendant les quelques mois d’été, période du plus fort débit du fleuve. Mais la correction du Rhin a provoqué non seulement une accélération du courant, mais aussi une augmentation de la pente liée à une action érosive plus intense des eaux. Les matières sablo-graveleuses, emmenées par les hautes eaux, se disposaient en bancs de gravier considérables, gênant la navigation par suite du déplacement du chenal emprunté par les péniches.

Pour remédier à cet inconvénient, une deuxième phase de travaux a été décidée : la régularisation du Rhin entre la barre d’Erstein et Strasbourg. Ces travaux ont débuté en 1932 et se sont poursuivis jusqu’aux hostilités en 1939 ; ils étaient liés à la réalisation de la première chute du Grand canal d’Alsace, les ouvrages de Kembs, mis en service en 1932. L’Allemagne et la Suisse ont financé la régularisation du Rhin ; la Suisse y était intéressée à cause de son approvisionnement en matières lourdes par la voie rhénane.

Les travaux consistaient dans la construction d’épis perpendiculaires aux rives et au courant pour immobiliser les bancs de gravier. Ces épis, de longueur variable suivant l’emplacement du chenal navigable, étaient construits avec des gabions composés de moellons et de fascines et, vers la fin des travaux, avec des moellons et du grillage galvanisé. Les épis étaient arasés à un niveau déterminé afin qu’en étiage tout le débit du fleuve puisse s’écouler dans le chenal, ce qui a permis la navigation pendant toute l’année, avantage considérable pour l’extension du port de Bâle.

L’érosion du fond dans le chenal continuait tout de même à se manifester et l’on observait une baisse sensible de la nappe phréatique dans les terrains voisins du fleuve.

Après la dernière Guerre mondiale, le droit d’exploiter la force motrice du Rhin accordé à la France par le traité de Versailles pour le secteur entre Bâle et Strasbourg a été concédé à Electricité de France.

En 1948, avec la reprise des travaux au Grand canal d’Alsace par EDF, une troisième phase de l’aménagement du Rhin était entamée. Les progrès considérables dans le domaine du matériel de terrassement ont permis une avancée spectaculaire des travaux. Les besoins en énergie électrique ont stimulé EDF à assurer le financement des travaux aussi rapidement que possible. Trois nouvelles centrales hydro-électriques, Ottmarsheim, Fessenheim et Vogelgrün, installées sur le Grand canal d’Alsace, se sont ajoutées à celle de Kembs achevée depuis 1932.

Parallèlement à la mise en eau des biefs sus-nommés, un phénomène néfaste s’est produit. La nappe phréatique a considérablement baissé des deux côtés du Rhin dans le secteur du nouveau canal ce qui a amené le gouvernement de la République Fédérale d’Allemagne à élever des protestations contre le Grand canal d’Alsace. Des études complémentaires et des pourparlers entre la France et l’Allemagne ont permis de conclure en 1956 les accords de Luxembourg sur l’aménagement du Rhin supérieur.

La solution d’un canal latéral continu a été abandonnée et les quatre biefs suivants ont été exécutés “en feston”, c’est-à-dire que le Rhin était maintenu dans une grande partie, endigué et canalisé. Les centrales ont été implantées sur un canal de dérivation avec un barrage de retenue sur le fleuve pour chaque aménagement. L’expérience acquise par les services d’EDF a permis une progression rapide des travaux et, en quelques années, quatre nouvelles centrales se sont ajoutées aux précédentes : Marckolsheim, Rhinau, Gerstheim et Strasbourg. La dernière, mise en eau en 1971, s’est vu adjoindre un bassin de compensation de 620 ha de superficie dont la queue amont est à 1300 m en aval de Krafft.

Le CANAL DU RHÔNE AU RHIN

Creusé de main d’homme, il traverse le territoire d’Erstein du sud au nord, longe le hameau de Krafft où il croise de niveau le canal de décharge de l'Ill. Cette voie navigable a connu un trafic intense entre les années 1930 et 1939 pour la desserte du port de Bâle relié au canal par l’embranchement de Huningue. A cette époque, le Rhin n’était pas navigable en étiage. Les marchandises lourdes acheminées par chalands rhénans depuis les ports maritimes hollandais et destinées à la Suisse étaient transbordées au port de Strasbourg sur des péniches qui rejoignaient Bâle par le canal précité.

Avec l’aménagement du Rhin par EDF, le Rhin est praticable en toute saison et le canal du Rhône au Rhin a perdu de son activité. La section Neuf-Brisach - Mulhouse a été fermée à la navigation dès la mise en eau de la chute de Marckolsheim sur le Rhin. Avec la mise en eau de la chute de Rhinau et l’ouverture du canal de jonction Rhin-canal du Rhône au Rhin, en amont de Rhinau, la section Diebolsheim - Neuf-Brisach a été fermée également. Actuellement, le canal sert à la desserte des produits lourds des Sucreries d’Erstein et de la Filature de laine peignée, cette dernière par l’intermédiaire de l’écluse de liaison du Murgiessen avec l'Ill.

b) Les cours d’eau domaniaux soumis à la gestion du ministère de l’Agriculture - Service du Génie rural des Eaux et Forêts.

Ce sont l’Ill avec toutes ses dépendances dans la traversée d’Erstein, le canal de décharge des hautes eaux, le canal d’alimentation de l’Ill et le Langgiessen dans la forêt communale Sommerley. Ce réseau hydraulique très dense a subi d’importantes transformations depuis la fin du XIXe siècle. Ces mutations seront développées plus loin.

LES COURS D’EAU DOMANIAUX

(*) Un chapitre complet consacré au Sauerbrunnen, auteur Richard Haas d’Erstein, sur notre site, lien :

http://erstein67.free.fr/sauerbrunnen/index.html