HISTORIQUE de 1848 à 1998 (page 1)

      Nous trouvons dès le XVIIe siècle des traces d'une lutte organisée contre le feu.

C'est ainsi, que le conseiller aulique de sa Majesté, le roi de Suède, alors Résident (Ambassadeur) en Alsace, publia un règlement se rapportant aux incendies de la Ville de Benfeld ; dont un exemplaire de cette ordonnance se trouve dans les archives municipales d'Erstein.

On en déduit qu'avant l'intervention des Suédois, il n'était guère question d'une lutte organisée contre le feu dans notre région.

Le premier règlement

Avant 1849, aucun corps de sapeurs-pompiers n'a existé à Erstein. En 1642 on parle pour la première fois dans nos archives, d'une lutte contre les incen­dies. Un règlement établi à cet effet par le Maire, contenait les prescriptions suivantes :

•Dès qu'un incendie se déclare, le gardien de la porte de Sélestat (Obertor)) doit sonner la petite cloche se trouvant sur cette porte, pour avertir le sacristain qui doit sonner immédiatement le tocsin (grande cloche de l'église Saint-Martin).

•Le Maire, ainsi que le greffier et les 4 membres de la Municipalité inviteront tous les habitants à par­ticiper aux travaux d'ex­tinction du feu. La com­mune, de son côté, fera transporter au lieu du sinistre les pompes, réservoirs, seaux, échelles, en un mot, tous les engins et tout le matériel se trouvant à sa disposition.

•Tous les habitants sans exception, sont obligés de prêter leur concours, principalement pour porter de l'eau au lieu du sinistre. Quant aux travaux sur les toits, on y emploiera de préférence des maçons et des charpentiers.

•En même temps, le Maire ordonna un contrôle périodique des chemi­nées par des hommes spécialisés en cette matière.

En 1658, la commune d'Erstein, ache­ta à Boersch des échelles pour la lutte contre le feu et en 1671 elle fit l'acqui­sition de 2 pompes d'incendie.

L’achat de seaux

Quelques années plus tard, sur l'Ordre du Grand Chapitre de Strasbourg, la commune acheta 25 seaux d'incendie et ordonna que chaque personne vou­lant acquérir le droit de citoyen, devait apporter un seau d'incendie qu'il pou­vait acheter au prix d'un florin.

Deux autres pompes furent achetées en 1715. En 1725, à la suite d'un grand incendie, l'autorité fit interdire de cou­vrir les maisons avec de la paille. En même temps, la commune fonda une messe annuelle en l'honneur de Saint-Florian. Notons que la plus petite des 5 cloches actuelles de l'église Saint-Martin porte l'effigie de Saint Florian, patron contre les incendies.

En 1736, encore un grand incendie où l'on dût avoir recours aux communes voisines.

En 1782, la Commune ne disposant plus que de 2 pompes et de 50 seaux d'incendie acheta de la fonderie Rouselle à Strasbourg une pompe et une voiture pour le transport du maté­riel d'incendie. En outre, elle fit l'ac­quisition de 100 seaux.

Une pompe de 500 litres

Le 23 Vendémiaire An VIII de la République (14 Octobre 1798), M. Schauffler, chaudronnier à Obernai, fournit à la commune d'Erstein une grande pompe de 500 litres, au prix de 1 600 francs.

A partir de 1790, la Garde Nationale, dont le but principal était le maintien de l'ordre et de la sécurité publique, avait aussi à assurer le service d'incen­die avec l'aide de tous les habitants qui devaient desservir les pompes d'incen­die et qui, à cet effet, étaient désignés d'avance à tour de rôle.

En 1820, la Commune acheta de M. Schauffler à Obernai une petite pompe portative au prix de 250 francs.

La Garde Nationale qui, en dehors du maintien de l'ordre public, avait aussi à assurer le service d'incendie, a été dis­soute en 1852.

Proposition d'un corps de sapeurs pompiers

La municipalité d'Erstein, ayant prévu cette dissolution et, pour éviter toute interruption dans le service d'incendie,  proposa  au conseil municipal en sa séance du 9 novembre 1848, l'organisation d'un corps de sapeurs-pompiers.

Selon délibération ci-après :

«  (Le Conseil Municipal, appréciant le rapport de M. le  Maire, est d'avis qu'un corps de sapeurs-pompiers devra suppléer au service de la Garde Nationale qui sera dissoute prochaine­ment, surtout en ce qui concerne le service d'incendie ; considérant, que pour la fonction de ce corps, le choix doit particulière­ment être porté sur des hommes de métiers, tels que couvreurs, maçons, char­pentiers, serruriers, etc., présentant en même temps les conditions d'une parfaite moralité ; considérant, que la fortune de ces der­niers ne leur permet guère de pourvoir par eux-mêmes à l'habillement et à l'équipement ; délibère, de créer un corps de sapeurs-pompiers de 60 à 80 hommes, et vote, pour l'habillement et l'équipement de ce corps un crédit de 4 500 francs.

En outre il demande à l'Autorité supé­rieure de venir en aide à la commune dans son projet d'organisation, par la fourniture de casques, carabines et sabres de l'Etat.»

C'est dans sa séance du 6 janvier 1849 que le conseil municipal fixa l'effectif du corps à 3 officiers et 58 hommes extra­its des compagnies de la Garde Nationale par une commission munici­pale.

Les 5 pompes d'incendie devaient être desservies par 5 sergents, 5 officiers et 44 pompiers. L'habillement devait consister en un habit de service des pompiers (pantalon et veston en coutil, ceinture de manœuvre avec fort anneau de suspension, casque d'incen­die en tôle vernie avec plaques jugu­laires en cuir).

Cette dépense devait être supportée par les pompiers eux-mêmes, tandis que la commune, de son côté, pour­voyait aux frais de l'uniforme de para­de, dans le but d'avoir une compagnie bien organisée à l'occasion des fêtes nationales et religieuses.

Les 30 musiciens, qui s'ajoutaient à l'ef­fectif sus indiqué, devaient, en cas d'in­cendie, faire le service de sauveteurs.

Conformément à la loi du 22 mars 1831, la compagnie des sapeurs-pom­piers procède le 4 et 11 février 1849 à l'élection de ses officiers, sous-officiers et caporaux, et elle nomme à la majori­té des voix, un capitaine, un lieute­nant, un sous-lieu- tenant, un sergent fourrier, quatre sergents, huit caporaux et des sections de 8 sapeurs, ayant à leur tête, un caporal-sapeur.

Le 18 février 1849, les 60 membres du nouveau corps des sapeurs-pompiers d'Erstein signent un engagement de 3 années consécutives, se soumettant en même temps à toutes les conditions de service du corps, qui étaient définies dans un règlement rédigé par l'autorité locale. Ils promettent en outre soumis­sion et obéissance à leurs chefs, et se soumet- tent volontairement aux déci­sions que le conseil de discipline pour­rait prendre à leur égard en cas de man­quement à leur engagement.

L'élection des officiers

Des tuyaux en toile

Dans ses séances suivantes, le conseil municipal vota les crédits pour l'achat de tuyaux en toile de la fabrication de M. Baumuller à Duppigheim.

Par arrêté préfectoral du 10 juin 1852, les communes furent obligées de réintégrerai l'arsenal de Strasbourg toutes les armes de guerre qui leur avaient été confiées pour le service de la Garde Nationale. Toutefois, la commune d'Erstein pouvait garder 60 fusils et 60 sabres pour l'arme­ment du corps de ses sapeurs-pompiers. Conformément à cet arrêté, la commune d'Erstein envoya à l'Arsenal Sainte-Barbe à Strasbourg 90 sabres d'Infanterie, modèle 1826, et 90 fusils.

Un arrêté préfectoral du 14 novembre 1853 fixa à 63 hommes l'effectif du corps de sapeurs-pompiers d'Erstein.

Le 16 décembre 1853 les officiers des sapeurs-pompiers, nommés par l'Empereur, durent prêter le serment prescrit au Maire. A partir de cette date, le capitaine de la compagnie avait à nommer à tous les emplois de sous-offi­ciers et de caporaux. (Il n'y avait donc plus d'élections comme auparavant).

Un nouveau conseil de discipline fut constitué et un arrêté préfectoral nomma le rapporteur et le secrétaire de ce conseil.

Erstein, seul corps de sapeurs-pompiers du canton

Une statistique dressée par le chef du corps et destinée au comité des sapeurs-pompiers du Bas-Rhin indiqua, entre autres, que dans les 5 dernières années, 10 incendies avaient éclaté à Erstein et qu'un seul accident grave était à signaler. Il s'agissait du sapeur Rohmer Jean qui, occupé à sauver du bétail, s'était brûlé la figure, les bras et d'autres parties du corps. Il était alité pendant plusieurs semaines et n'a reçu aucune indemnité ou récompenses ni du gouvernement ni de la commune. A cette époque le corps de sapeurs-pompiers d'Erstein était le seul existant au canton.

En 1855, la commune acheta 13 casques pour les officiers, et en 1867 elle vendit à la Commune de Hipsheim une pompe d'incendie montée sur un chariot, au prix de 120 francs.

Par circulaire du 6 août 1869, le Sous-Préfet de Sélestat informa les Maires de son arrondissement, que le Préfet attire leur atten­tion sur un fait regret­table et intolérable :

« Croyant rendre service au propriétaire d'un immeuble assuré, ceux des pompiers qui mon­trent le plus de zèle, s'appliquant spéciale­ment à renverser les pignons et les murs res­tant debout et à précipi­ter dans le foyer de l'im­meuble les bois de char­pente à peine atteints, alors même que ces pignons et ces murs contribuaient évidem­ment à arrêter le progrès du feu et que les bois pouvaient être éteints par les pompes. Leur mobile, dit-on, est le préjugé qu'ils augmentent les chances du sinistré d'être plus complètement Indemnisé, en achevant la destruc­tion commencée par le feu, et en ôtant aux compagnies d'assurance tout prétexte d'opérer des réductions sur le chiffre d'indemnité. Je vous prie donc de vouloir me faire connaître si des faits analogues à ceux ci-dessus signalés ont été observés dans le canton, et si vous pensez qu'il y ait lieu d'en faire l'objet d'une circu­laire aux Maires pour éviter désormais de tels abus.»

Nos archives ne font aucune mention de la réponse du Maire d'Erstein, mais 30 ans plus tard les com­pagnies d'assurances se plaignaient encore à plusieurs reprises de tels faits.

En juillet 1870, avant la déclaration de la guerre la commune fit acquisition d'une pompe d'incendie auprès de la maison Reuner Georges à Strasbourg.

La guerre de 1870-71 mit fin au fonc­tionnement du corps de sapeurs-pom­piers, dont quelques-uns étaient tom­bés au champ d'honneur, tandis que d'autres étaient encore mobilisés ou s'étaient retirés à l'intérieur de la France lors de l'approche des armées allemandes.

La réorganisation du corps

Pourtant, le bon fonctionnement d'un service d'incendie bien organi­sé était plus nécessaire que jamais et, par lettre du 30 août 1872, le Kreisdirektor d'Erstein ordonna la réorganisation du corps de sapeurs pompiers, avec un effectif de 90 volontaires qui avaient à élire trois officiers. Le Conseil municipal vota un crédit de 3 100 francs pour la modification des uniformes et il décida en outre, que chaque homme de la compagnie recevra de la Commune une gratification annuelle de 10 francs.

La commune disposait alors de 3 grandes et de 2 petites pompes d'in­cendie, mais le chef de corps signala à la municipalité, que la plus grande de ces 5 pompes ne rendait pas le même service que les 4 autres parce que, trop grande et trop lourde, elle ne pouvait être utilisée partout et il fallait trop d'hommes pour la desservir. Le conseil municipal accepta alors l'offre à lui faite par la maison Simon à St-Dié, de four­nir à notre commune 3 petites pompes, en échange cette grande et 1 100 francs en espèces.

Le Kreisdirektor ayant refusé l'approba­tion de cette délibération, le conseil municipal maintient sa première déci­sion, et finalement, obtint gain de cause et un paiement complémentaire.

Benoit MULLER Capitaine des sapeurs pompiers d’Erstein 4 janvier 1849

Premier dépôt d’incendie

Pompe à bras

Le corps des sapeurs pompiers d’Erstein en 1936

Le corps des sapeurs pompier d’Erstein en 1905

COUVERTURE MOT DES OFFICIELS HISTORIQUE LES VETERANS ANNEXE Site ERSTEIN67

Ancienne pompe exposée dans l’entrée du centre de secours

Arrêté préfectoral de 1853