Alors qu'on annonçait officiellement la présence du Général De Gaulle à la messe de minuit en la cathédrale Notre-
Il fait froid en ce jour de dimanche, veille de Noël, le thermomètre est descendu en-
Déjà on chuchote d'oreille à oreille : "Il paraît que le Général De Gaulle doit venir à Erstein ; on prétend même qu'il assistera à la messe de minuit".
Vers 14 heures, des appareils américains revenant d'Allemagne survolent notre ville. L'un d'eux, probablement atteint, est forcé de se délester et de laisser tomber quelques bombes. Les dégâts sont heureusement peu importants. Mais involontairement on songe à ce front du Rhin si près, à cinq kilomètres à peine du centre de la ville, et à cette rumeur qui se répand de plus en plus... Un va-
A 16 h 45, une foule immense se dirige vers l'église. Erstein est sur pied ; personne ne veut manquer l'occasion. A chaque porte, un groupe de soldats, fusils et mitraillettes à la main, observent les gens qui entrent. L'église a pris sa parure de fête. Les puissants projecteurs illuminent les sapins du chœur. La crèche, aux lampes multicolores et rutilantes, attire les regards. A l'endroit où se tiennent habituellement les enfants, trois fauteuils attendent. Les premiers bancs portent chacun une petite pancarte "Réservé". La foule des fidèles et des curieux a vite fait de remplir les rangées. Dans les nefs latérales, d'innombrables personnes sont obligées de rester debout, l'église n'a certainement jamais connu, au cours de son histoire, une telle affluence.
17 heures sonnent. Le clergé et les enfants de chœur traversent la nef en procession pour se rendre au portail principal. Le Général est reçu en chef d'Etat avec l'encens et l'eau bénite. A l'orgue, M. Hertzog, joue une pastorale et entonne le chant "Il est né le divin Enfant..." ; mais l'impatience et l'émotion empêchent de chanter et nos yeux voudraient se remplir de larmes de joie.
Lentement, à droite de M. le curé doyen Lux, la silhouette élancée du général de Gaulle s'avance vers le chœur. Un groupe d'officiers supérieurs de la suite du général et l'Etat-
Des militaires casqués se glissent derrière les sapins. Les soldats de service, en casque et l'arme au bras, exercent une surveillance discrète mais ferme. Pendant toute la durée de l'office, par mesure de sécurité, les portes sont verrouillées. Derrière le banc de communion, le ministre de la Guerre, M. Diethelm, a également pris place. Il est alsacien, lui, et doit certainement se retrouver avec plaisir en Alsace pour cette fête de Noël, la première en France libérée.
Après une courte allocution de bienvenue de M. le curé-
La Sainte-
Après l'élévation, la communion des fidèles commence et se poursuit jusqu'à la fin de l'office, tandis
que le service de surveillance se rapproche du Général. Très simplement, le général Leclerc et de nom
breux soldats portant l'écusson d'or à croix de Lorraine, se mêlent aux fidèles et cette simplicité ne fera
qu'augmenter la popularité de "notre" Leclerc, comme disent les Ersteinois.
Après la messe, le général de Gaulle remercie brièvement le curé doyen, puis est reconduit à la porte de l'église par le clergé. Les yeux sont rivés à lui ; derrière lui le sourire du libérateur de Paris, de Strasbourg et d'Erstein, le général Leclerc. On entend une voiture puissante qui démarre : le général De Gaulle est parti.
La foule se disperse lentement consciente d'avoir vécu une heure d'histoire que nos arrière-
Extrait des "Mémoires de Guerre. Le Salut 1944-
"Le 2e corps reçoit ensuite ma visite. En écoutant Monsabert, il m'apparaît que son ardeur ne compense pas ce qui lui manque pour enlever les positions ennemies entre le Rhin de Rhinau et les Vosges de La Poutroye. Me voici à la 2e Division blindée. Depuis des semaines, elle se heurte, vers Witternheim, à des défenses qu'elle ne peut franchir. Les unités sont fatiguées ; les villageois, soucieux. A Erstein, en compagnie de Leclerc et de beaucoup de soldats, j'assiste à la messe de minuit. L'atmosphère est à l'espérance, non à la joie..."
Charles De Gaulle
Auteur : Léon BUSSER
publié en 1995 dans
l’annuaire de la S.H.Q.C.
NOËL 1944 À ERSTEIN
Général Charles De Gaulle
Général Philippe Leclerc
Article du journal D.N.A. concernant ce chapitre : lire la suite…
Reportage France3 : lire la suite…